Truth : Le prix de la vérité : La vérité sur le tournage

Centré sur la déroute du présentateur vedette de CBS, Dan Rather (Robert Redford), Truth : Le prix de la vérité (6 avril 2016) revient à la source du scandale, grâce à un scénario librement inspiré des mémoires de Mary Mapes (Cate Blanchett), ancienne collaboratrice de Rather et, surtout, l’un de ses plus fidèles soutiens. Incarnés à l’écran par un tandem aussi inédit qu’alléchant, les deux journalistes sont au cœur du biopic de James Vanderbilt . Une première pour celui qui s’est fait connaître en signant le script de Zodiac et de plusieurs Spider-Man et qui s’offre une reconversion réussie dans la mise en scène ; comme en témoigne l’enthousiasme du Chicago Sun-Times , qui loue la performance de Redford en indiquant que le comédien « livre une interprétation exceptionnelle de Rather, en capturant sa cadence à l’antenne et sa personnalité démesurée ». Avant de découvrir le film au cinéma, c’est d’abord à l’équipe de Truth : Le prix de la vérité de dire sa vérité. Confidences .

Au plus près des faits

« Truth : Le prix de la vérité parle de l'évolution des reportages d'information, du contexte et des raisons de cette évolution et, surtout, de son importance décisive », a tenu à souligner Dan Rather , l’ancien présentateur autour duquel la narration s’articule. Un film raconté à la première personne, facilitant ainsi l’identification du public à cet homme dont, paradoxalement, personne ne voudrait prendre la place. Destitué de sa légitimité journalistique en raison du scandale qui a découlé de son traitement de la candidature de George W. Bush – candidat à sa propre succession lors de la présidentielle américaine de 2004 – Dan Rather s’est mis ses téléspectateurs à dos, au même titre que les dirigeants de CBS et l’opinion publique dans son ensemble.

Une carrière exemplaire, qui se termine dans la débâcle : le sujet idéal pour un biopic , comme le confirme le scénariste-producteur-réalisateur, James Vanderbilt : « Le cinéma et le journalisme offrent deux manières différentes de raconter une histoire », observe-t-il, rapprochant son film de celui avec lequel la presse le compare déjà : « J'ai vu Les Hommes du Président quand j'étais petit (…) j'ai toujours été intrigué par ce qui se passe dans les salles de rédaction », et le cinéaste de poursuivre : « Lorsqu'une émission comme 60 Minutes révèle une affaire retentissante, comment cela se passe-t-il ? Comment est-ce qu'on fabrique le reportage ? ». Des questions auxquelles le film apporte une réponse réflexive et sincère, puisée dans la tribune que Mary Mapes a publiée dans Vanity Fair , comme l’explique Vanderbilt concernant la genèse du projet :

« Comme tout le monde, je connaissais le scandale, mais en lisant l'article, je me suis rendu compte que je ne savais pas grand-chose des coulisses de l'affaire »

Un duo au sommet

Pour camper ces « journalistes chevronnés qui ont connu leur véritable heure de gloire avant de subir une descente aux enfers », Vanderbilt réunit deux comédiens non moins chevronnés. En confiant les rôles principaux à Rober Redford et Cate Blanchett , il insuffle une belle envergure à l’affaire qu’il met en scène. Une affaire qui devait, initialement, mettre en lumière les facilités dont George W. Bush aurait bénéficié pour échapper à la conscription durant la Guerre du Vietnam. Une accusation a failli faire vaciller le Président dans sa course pour son second mandat et qui reflète le poids des médias . Pour autant, le manque de vérification des informations données a précipité Rather dans sa chute. S’il est seul à signer le scénario, James Vanderbilt a pu compter sur la complicité de Mary Mapes, comme l’indique cette dernière : « Je faisais confiance à Jamie pour ne pas trahir les faits. J'ai apprécié son scénario, on a fignolé certains détails ensemble, mais j'étais vraiment certaine que ce projet ne verrait sans doute jamais le jour ».

Fort heureusement, la détermination de Vanderbilt à concrétiser ce projet a payé. « Je voulais vraiment me documenter à fond », a confié le principal intéressé, en dévoilant la portée du travail préparatoire nécessaire à l’élaboration du script : « J'ai discuté avec la plupart des protagonistes de l'affaire, dont plusieurs n'étaient pas favorables à Mary (…) J'ai vraiment essayé de vérifier et recouper toutes les informations ». Au-delà de l’exactitude des faits relatés, la mise en scène et l’interprétation des comédiens offrent une saisissante plongée dans l’envers d’une chaîne d’infos en constante effervescence . « C'est comme tourner un film dans un sous-marin », dit-il, non sans une pointe d’humour. Une configuration qui est loin d’avoir effrayé l’oscarisée Cate Blanchett :

« En général, je lis les scénarios très lentement », note-t-elle, « Mais j'ai lu Truth : Le prix de la vérité d'une seule traite. Dès qu'on démarre, c'est comme un train lancé à toute allure, et je pense que c'est ce que les véritables protagonistes de l'affaire ont vécu. J'ai été captivée »

Truth : Le prix de la vérité , à découvrir au cinéma le 6 avril .