Écrivains à Hollywood : Hugh Wheeler, l’expert du polar

« Certains auteurs sont tombés dans l’oubli parce que ce sont des caméléons », peut-on lire dans le portrait que The Independent consacre à Hugh Wheeler.

Disparu à la fin des années 1980, cet écrivain à la plume discrète mais tranchante reste peu connu de la jeune génération, malgré un parcours artistique mêlant littérature et cinéma , duquel sont nées plusieurs pépites. Scénariste et romancier, Wheeler aimait entretenir le mystère, tant dans les histoires à suspense qu’il avait l’art d’imaginer, qu’en ce qui concerne sa propre identité, dissimulant parfois son nom derrière des pseudonymes . À l’occasion de la sélection de Voyages avec ma tante (1972) – film dont il a signé le script – dans la collection Écrivains à Hollywood des Trésors Warner, coup de projecteur sur Hugh Wheeler.

De sa Grande-Bretagne natale à Hollywood

Né Hugh Callingham Wheeler, au début du siècle dernier, la plume de Voyages avec ma tante grandit au Nord de Londres . D’un tempérament réservé, il n’aura de cesse, toute sa carrière durant, de préserver la part de mystère qui le caractérise ; en dépit de la popularité à laquelle son œuvre aurait pu lui permettre de prétendre. Aussi secret que les personnages qui ont nourri ses récits, Wheeler avait coutume de brouiller les pistes, en adoptant des noms d’emprunt dont la signification reste floue, à l’instar de Jonathan Stagge, Q Patrick et de son pseudonyme le plus emblématique : Patrick Quentin . Chose rare, tous ces pseudos englobent un autre auteur de l’ombre, Richard Wilson Webb , son complice de longue date. Une écriture à quatre mains, qui accentue d’autant plus la singularité de l’homme de lettre par rapport à ses pairs.

Le goût de l’écriture

Animé par le goût de l’écriture autant que par celui de l’aventure, il quitte l’Angleterre dès l’âge de 22 ans, pour tenter sa chance en Amérique . Nous sommes alors en 1934 et le pays de tous les possibles, qui vient de subir le revers de la Grande Dépression, peine à effacer les stigmates de plusieurs années de crise économique. Dans le même temps, l’élection d’Hitler à la chancellerie du IIIe Reich inquiète l’Européen qu’est Wheeler. Un contexte qui accentue la noirceur de son écriture et qui se ressent dans ses premiers écrits. De la quarantaine de romans et nouvelles dont il sera l’auteur, se dégagent les leitmotive du voyage et du rapport entre passé et présent. Avant de voir certains de ses livres portés à l’écran par Hollywood, Hugh Wheeler s’est essayé à l’écriture de pièces de théâtre et conservera toujours un attachement particulier pour la dramaturgie.

Voyages avec ma tante, pépite oubliée

Prévu au départ pour la télévision, Voyages avec ma tante est l’un des films les plus représentatifs de son style. Cosignant le scénario avec Jay Presson Allen , il laisse les rênes de la mise en scène à George Cukor (My Fair Lady). En 1972, un an avant de devenir le librettiste de sa comédie musicale consacrée à Sweeney Tood – remise au goût du jour par Tim Burton avec Johnny Depp dans le rôle-titre – Wheeler écrit ainsi l’une de ses histoires les plus prégnantes. Dans un genre qui n’est pas sans rappeler Agatha Christie, on y suit les pérégrinations d’un surprenant duo. Henry Pullig ( Alec McCowen ), employé de banque au quotidien sans saveur, rencontre sa tante Augusta ( Maggie Smith ) lors de l’enterrement de sa mère. Cette vieille femme excentrique au passé trouble décide alors de l’emmener avec elle dans une série de voyages pour le moins dépaysants !

Pour (re)voir ce film en DVD grâce à la collection Écrivains à Hollywood des Trésors Warner , rendez-vous sur la boutique officielle en cliquant ici.