Joan Leslie, l’atout charme de Sergent York
Publié
De longs cils, une mise en pli flamboyante à la Rita Hayworth et un sourire ravageur : Joan Leslie a imprimé son doux visage sur la pellicule de plus de 70 œuvres, en un demi-siècle de carrière. Si tout commence au milieu des années 1930 – quand, à 11 ans, elle fait ses premiers pas devant une caméra – la consécration arrive en 1941 avec Sergent York . Cité 11 fois aux Oscars®, ce film d’Howard Hawks porte la marque des grands et la fait entrer dans la lumière. Un pamphlet historique inspiré du parcours du sergent éponyme, dont les mémoires de guerre ont servi de socle au scénario. Portrait d’une icône mésestimée, à l’occasion de l’édition DVD de Sergent York dans la collection Trésors – Histoires de guerre, disponible en cliquant ici.
Sur les planches à 2 ans et demi
Née Joan Agnes Theresa Sadie Brodel à Detroit (Michigan) , Joan Leslie ne semblait pas promise à un avenir sous les projecteurs. Cadette d’une fratrie de 3 filles, elle a été influencée par sa mère pianiste , qui la sensibilise dès le plus jeune âge à la musique. Avant de goûter au septième art, c’est donc au sixième qu’elle fait ses gammes dans le sillage maternel, puis s’oriente vers le théâtre avec une prédilection pour le vaudeville. Très vite, les numéros chantés et dansés dans lesquels elle se produit depuis ses deux ans et demi la conduisent à embrasser la voie théâtrale. Si la success story de Joan Leslie, actrice précoce, a de quoi séduire, la réalité est plus amère. Ce n’est pas seulement pour l’amour de l’art qu’elle est poussée sur scène par ses parents, mais aussi pour subvenir aux besoins de la famille ruinée par la crise de 1929 . Elle se voit même contrainte de prétendre être plus âgée afin de contourner les lois relatives au travail des mineurs.
Repérée par un chasseur de têtes, la petite Joan intègre l'école pour enfants de la MGM, la Little Red Schoolhouse . Des planches aux plateaux de tournage, il n’y a qu’un pas, que la fillette franchit en 1936 avec Signing Off . Ce court de Milton Schwarzwald lui vaut de s’illustrer aux côtés de ses sœurs, sous la bannière des Brodel Sisters , les Trois Brodel en français. Dans ce contexte, son talent émerge timidement à travers un film sorti la même année, au format long et en solo : Le Roman de Marguerite Gautier . Il lui faudra attendre 1939 pour côtoyer des stars, en endossant le rôle d’une groupie dans Elle et lui , porté par le duo Irene Dunne / Charles Boyer. Parallèlement, on peut l’apercevoir dans Nancy Drew... Reporter , dont le remake révèlera Emma Roberts en 2008.
Sergent York, le passage à l’âge adulte
Le cap de la maturité est amorcé par Winter Carnival (1939), drame sentimental où elle donne la réplique à Ann Sheridan. Ce film lui met le pied à l’étrier en signant sa première accréditation au générique. Enchaînant les projets, elle tourne sous la direction de Raoul Walsh en 1941 dans La Grande évasion. Le rôle de la séductrice revient à Ida Lupino mais, cette même année, Joan Leslie gagne ses galons d’actrice de premier plan grâce à un doublé : The Great Mr. Nobody avec Eddie Albert et, surtout, Sergent York où elle campe Gracie Williams face à Gary Cooper. Cité dans 11 catégories par l’Académie, Sergent York repart avec 2 statuettes dorées, dont celle du meilleur acteur pour Cooper.
Aucun trophée en revanche pour sa partenaire féminine, cantonnée à un rôle de faire-valoir qu’elle a pourtant transcendé par la qualité de son jeu. En tout et pour tout, Joan Leslie n’obtiendra que 2 distinctions au cours de sa carrière : une étoile sur le Walk of Fame et la Golden Boot à titre posthume, 2 prix honorifiques qui ne lui rendent pas justice. En dépit de ce maigre palmarès, elle reste chère au cœur des cinéphiles qui l’ont adorée dans La Glorieuse parade, Hollywood Canteen, Rhapsodie en bleu , ou encore Le Grand rodéo .
Redécouvrez-la à l’affiche de Sergent York , en DVD dans la collection Trésors – Histoires de guerre en cliquant ici.