La Patrouille de l'aube : Quand Errol Flynn prend les armes

Si les remakes sont une pratique courante à Hollywood, il est rare que la seconde version d’un film sorte sur les écrans moins de dix ans après la première. C’est pourtant le cas de La Patrouille de l'aube (1938) , qu’Edmund Goulding réalise à partir du long métrage éponyme qu’Howard Hawks avait signé en 1930. Deux films qui se font écho, à ne pas confondre avec le roman de Don Winslow, paru en 2010. Un pamphlet contre les écueils de la guerre, où Errol Flynn campe le rôle principal en fissurant la carapace du patriotisme. Focus, à l’occasion de son édition en DVD dans la collection Trésors – Histoires de guerre .

Guerre et sacrifices

En 1915 , Courtney (Flynn) est un pilote d’avion de combat sur le front européen. La mort, omniprésente, guette chaque soldat et pèse sur le moral des troupes. La situation se tend quand Courtney est propulsé commandant d’escadrille et qu’il doit envoyer l’inexpérimenté Donnie ( Morton Lowry ) en mission périlleuse. Ce dernier est le cadet de Scotty ( David Niven ), que Courtney considère justement comme son frère d’armes. Tiraillé entre devoir et craintes, le jeune commandant perd l’insouciance de ses débuts… Cette histoire, signée John Monk Saunders en 1930, a d’abord été co-scénarisée par Howard Hawks , ainsi que par Seton I. Miller et Dan Totheroth . Deux noms qu’on retrouve au générique du remake. Et ce n’est pas le seul point de concordance.

L’affiche est sensiblement la même : le héros, lunettes d’aviateur sur la tête, regarde le ciel avec inquiétude. Deux posters similaires, à ceci près que Richard Barthelmess était tourné vers la droite, alors que Flynn regarde dans l'autre direction. Relevant du film de guerre, La Patrouille de l'aube ne se cantonne pas au cadre dramatique et spectaculaire qu’appelle habituellement ce genre. Nuancé , il interroge, à hauteur d’homme, les vrais enjeux des conflits armés. Jusqu’où peut-on aller pour défendre ses idéaux ? Quels stigmates garde-t-on lorsqu’on est confronté à la mort ? Autant de questions qui nourrissent la dimension sacrificielle du film.

Le tournant d’Errol Flynn

L’année 1938 est charnière à plusieurs niveaux. Préfigurant la Seconde Guerre mondiale, elle donne à cette histoire ancrée dans un contexte de 'Der des Ders' une résonnance particulière. Aussi, d’un point de vue cinématographique, elle correspond à une année faste pour Errol Flynn , qui s’illustre dans quatre productions. Les Aventures de Robin des Bois en fait partie ; l’une de ses 12 collaborations avec son réalisateur fétiche, Michael Curtiz , soit deux films par an entre 1935 et 1941. Comédien prolifique, précédé par sa réputation de star ingérable, Flynn a beau jouer à un rythme effréné, il est boudé par les Oscars® . À son palmarès, aucun prix d’importance, excepté une étoile sur le Walk of Fame, preuve de son succès public.

Rendu célèbre par le rôle-titre de Capitaine Blood (1935), il endosse une nouvelle fois l'uniforme militaire avec La Patrouille de l'aube . Le soldat , un personnage qui sied bien à son jeu et qui lui porte chance. Si la filmographie d’Errol Flynn donne l’impression qu’il est passé par tous les grades de l’armée, c’est dans le costume d’un pilote de la Royal Flying Corps britannique qu’il porte l’intrigue de ce remake. Pour cet Australien de naissance devenu américain , camper un Anglais implique de travailler son accent, ce qui rend sa prestation unique. Son réalisateur va, pour sa part, mettre moins de cœur à l’ouvrage. D’aucuns diront que cette seconde version n’est qu’une pâle copie de l’œuvre de 1930, à l’image de plusieurs scènes aériennes qu’Edmund Goulding ne prend pas la peine de retourner, se contentant d’incorporer les séquences originales à son film. Pour autant, près de 80 ans après sa sortie, La Patrouille de l'aube (1938) n’a pas fini de livrer ses secrets et se redécouvre avec plaisir en DVD.

Film rare, il est désormais disponible au sein de au sein de la collection Trésors – Histoires de guerre en cliquant ici.