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Police et gangsters : Liaisons dangereuses

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Police et gangsters : Liaisons dangereuses

« Flic ou criminel, face à un flingue, quelle est la différence ? », dit Frank Costello (Jack Nicholson) dans Les Infiltrés (2006) de Scorsese. Encensé par la critique, ce thriller à la croisée du film mafieux et du polar aborde une question que le cinéma s’est souvent posée. Librement inspiré du parcours houleux de James 'Whitey' Bulger, il fait écho au dernier film de Scott Cooper, Striclty Criminal (25 novembre) . Prenant pour décor le Boston des années 1970, ce film de gangsters intense et nerveux montre de quelle manière l’alliance contre-nature du FBI avec le parrain irlandais a conduit à la chute de ce dernier. Un caïd que Johnny Depp incarne avec le talent qu’on lui connaît ; livrant une interprétation glaçante qui vaut à la presse d’évoquer son nom aux pronostics des Oscars. Avant de le découvrir à l’affiche de Striclty Criminal, retour sur les liaisons dangereuses qu’entretiennent pègre et forces de l’ordre à l’écran.

Du film noir aux criminels en Technicolor

Loin du manichéisme auquel d’aucuns peuvent le résumer, le film de gangsters n’est ni blanc, ni noir, préférant explorer les zones grises qui font toute l’ambivalence de ses personnages. C’est sur la pellicule que noir et blanc prennent leurs quartiers, à travers les classiques des années 1920, 1930 et 1940. Atteignant son paroxysme au sortir de la Seconde Guerre mondiale, le film noir obtient ses lettres de noblesse avec Le Grand Sommeil (1946) d'Howard Hawks. Un modèle du genre, porté par le fidèle représentant de ce courant contemporain de l’Age d’Or Hollywoodien, Humphrey Bogart , qui disait quelques années auparavant, par l’entremise de Rick Blaine : « Je crois que c’est le début d’une merveilleuse amitié » au policier qui regardait, à ses côtés, l’avion de Casablanca décoller dans la brume.

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Si, en 1942, Rick n’est potentiellement criminel qu’aux yeux des soldats allemands qui ont pris leurs habitudes dans son café, la complicité qu’il partage avec le Capitaine Louis Renault (alias le frenchy Claude Rains) s’inscrit dans le thème. Tandis que la police et les fameux Keystone cops malhabiles de la société de production éponyme ont d’abord prêté à sourire, les forces de l’ordre ont rapidement pris du galon pour devenir le miroir des personnages de voyous. Dans L’Ennemi public (1931), William A. Wellman se voit contraint de faire mourir Tom Powers ( James Cagney ), dans une séquence sans gloire, conformément aux règles de censure visant à ne pas glorifier la criminalité , et doit ajouter un carton moralisateur en ouverture et en fin de générique. Même positionnement avec un autre long métrage éloquent : La Chute d’un caïd (1960). Une tendance à la marginalisation des criminels, dont Hollywood prendra le contre-pied durant les décennies suivantes, amenant le spectateur à adopter le point de vue des 'méchants'. Une tendance que les super-vilains de Suicide Squad confirmeront, dans un autre registre, à l’été 2016. Jouant sur la frontière ténue entre bien et mal, nombreux sont les films qui brouillent les pistes.

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Good cop / bad cop

Tandis que les bandits du Septième Art sont généralement présentés comme des personnages qui font de la criminalité leur mode de vie, la ligne jaune est moins nette pour les policiers, dont les réalisateurs aiment dévoiler les failles. Sur le ton de l’humour, comme dans la quadrilogie de L’Arme Fatale ou dans le décalé Top Cops (2010), ou dans une veine plus sérieuse, à l’image du Dirty Harry qu’Eastwood incarne dans la saga de L’Inspecteur Harry . En témoigne le célèbre échange d’Harry Callahan avec un homme qu’il tient en joue : « Nous n'allons pas vous laisser partir comme ça », ce à quoi le malfrat demande : « Qui c'est 'nous' ? », avant que Callahan ne conclut : « Smith…Wesson… et moi ». Un officier connu pour son franc-parler et ses méthodes expéditives, à qui personne ne dicte son métier, tout comme le Sergent-Chef Alonzo Harris de Training Day (2001), alias Denzel Washington , oscarisé pour ce rôle de flic entretenant des accointances avec les gangs de Los Angeles.

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Signée du scénariste actuellement aux manettes de Suicide Squad, David Ayer , l’histoire de Training Day se déroule sur 24h. 24h dans la vie d’une nouvelle recrue ( Ethan Hawke ) qui va découvrir que le véritable danger ne vient pas tant des truands de rues, mais de l’intérieur des rangs du LAPD. En cause : la conception très personnelle que le Sergent Harris se fait de la justice, qui va mettre le rookie face à un cas de conscience. Se désolidariser de son instructeur en le dénonçant ou fermer les yeux et être complice de ses agissements ? Une ambivalence qu’on retrouve aussi dans le déchirant trio d’amis d’enfance de Mystic River (2003), que le meurtre d’une adolescence va transformer de manière irréversible. À contrario, les policiers se prennent parfois d’affection pour ceux qu’ils sont supposés traquer. En attestent le blade runner du film éponyme avec la réplicante dont il tombe amoureux, le négociateur du hold-up d’Un Après-midi de chien (1975) vis-à-vis des deux braqueurs du dimanche que sont Sonny (Al Pacino) et Sal (le regretté John Cazale), ainsi que Clint Eastwood sous les traits du Shérif d’Un Monde Parfait (1993) ou Eastwood – toujours – en détective privé au grand cœur dans Pink Cadillac (1989).

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Sous couverture

Les liens ambivalents entre représentants de la loi et hors-la-loi ont souvent été mis en scène par le cinéma, dans la veine de Bullitt, Heat , du Prince de New York ou, plus récemment et en France, de Colt 45 (2014), dans lequel JoeyStarr campe un flic ripoux, sur fond de guerre des polices et de coup monté. Le petit écran n’est pas exempt de ce type d’intrigue, comme le rappelle Les Soprano , où les confidences qu’un homme de main de Tony fait au FBI lui coûteront la vie, tout capo qu’il soit. Dans la famille HBO , la cousine des Soprano, Boardwalk Empire , défend elle aussi fièrement les couleurs de la pègre. Ancrant son intrigue dans l’Atlantic City du début du siècle dernier, la série de Terrence Winter fait la part belle à des protagonistes usant de la criminalité pour parvenir à leurs fins, y compris en ce qui concerne le frère de Nucky, le Shérif Eli Thompson. Pour autant, la limite entre gangsters et policiers ne semble jamais aussi mince que lorsque ces derniers passent sous couverture pour infiltrer les réseaux criminels.

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Comme Bruce Lee dans Opération Dragon (1973), ou les agents très spéciaux du film éponyme que Guy Ritchie a récemment consacré à la série de Norman Felton et Sam Rolfe, les hommes de l’ombre de Gangster Squad (2013) montrent qu’il faut parfois user de méthodes jusqu’au-boutistes pour annihiler le crime organisé. Marchant dans les pas de Curtis Hanson et de son L.A. Confidential (1997), Ruben Fleischer fait un bond dans le passé de la Cité des Anges pour montrer comment, au sortir de la Seconde Guerre mondiale, une escouade de policiers livrés à eux-mêmes a tout tenté pour empêcher la mainmise du parrain Mickey Cohen sur la ville.

Autant d’exemples qui prouvent que pègre et police n’ont pas fini de nourrir l’imagination des scénaristes, comme c’est le cas avec l’affaire Whitey Bulger – John Connolly, à découvrir dans Strictly Criminal le 25 novembre .

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