Strictly Criminal : Benedict Cumberbatch, l’homme aux mille visages

Voix de baryton, visage pâle et yeux couleur océan, l’Anglais Benedict Cumberbatch a d’abord conquis les Britanniques sur les planches de théâtres londoniens avant d’exploser outre-Atlantique. Aussi magnétique au théâtre que sur le petit et le grand écran, il enfile avec aplomb les costumes de grandes figures de l’Histoire, du peintre Vincent van Gogh au mathématicien Alan Turing , en passant par le cyber militant Julian Assange et le docteur Victor Frankenstein . Acteur d’un autre temps, il a remis le classique au goût du jour et s’est positionné comme le nouvel intouchable d’Hollywood. Prochainement à l’affiche du biopic de gangsters Strictly Criminal , en salles le 25 novembre, il y portera le costume très seventies du démocrate Billy Bulger, dont le frère n’était autre que le parrain irlandais James « Whitey » Bulger. Portrait.

Une bête de scène

Benedict Cumberbatch est tombé dans la marmite du cinéma quand il était petit. Fils des acteurs Timothy Carlton et Wanda Ventham, il voit le jour le 19 juillet 1976 à Londres, biberonné aux classiques du septième art . C’est donc tout naturellement que l’enfant de la balle poursuit un cursus artistique sur les bancs de l’Université de Manchester, où il y apprend la comédie, puis rejoint la London Academy Music and Dramatic Art pour y perfectionner son jeu d’acteur. Il a 25 ans lorsqu’il débute comme acteur professionnel sur les planches dans la pièce Peines d’amour perdues , bien loin de se douter que, dix ans plus tard, le petit monde du théâtre l’accueillerait comme une star. Pendant dix ans, il joue principalement des pièces classiques (Le Songe d’une nuit d’été, Roméo et Juliette, Rhinoceros, Frankenstein) dans divers théâtres de Londres (Open Air Theatre, Almeida Theatre, Royal Court Theatre).

Un homme à costumes

En parallèle de sa carrière sur les planches, Benedict Cumberbatch perce à la télévision dans des séries télévisées britanniques (Tipping the Velvet, Affaires non classées, Cambridge Spies) et notamment dans le téléfilm Hawking , dans lequel il joue le physicien britannique Stephen Hawking. Sa performance lui vaut une nomination au British Academy Television Award du meilleur acteur et la Nymphe d’or du meilleur acteur au Festival de télévision de Monte-Carlo . Jamais rassasié, le comédien fait une incursion discrète au cinéma dans To Kill a King de Mike Barker, dans lequel il joue un royaliste de second plan. Il se voit ensuite offrir d’autres rôles historiques, un politicien britannique dans Amazing Grace (2006), un millionnaire du début du XXème siècle dans Reviens-moi (2007) de Joe Wright et un courtisan à la Cour d’Henri VII d’Angleterre dans Deux sœurs pour un roi (2008) avec Natalie Portman et Scarlett Johansson.

Sous les feux de la rampe

Depuis 2010 et son rôle de détective agité et extravagant dans la mini-série de la BBC Sherlock , créée et produite par Steven Moffatt et Mark Gatiss, Benedict Cumberbatch est un homme très (très) prisé. Il retrouve son acolyte Martin Freeman alias John Watson à l’occasion de la trilogie du Hobbit , pour laquelle il prête sa voix au dragon Smaug et au Nécromancien. Dirigé par Steven Spielberg dans Cheval de guerre et par J.J. Abrams dans Star Trek Into Darkness , le britannique est de toutes les époques, brillant aussi bien sous les traits d’un Major que d’un humain modifié. Tantôt le cheveu gominé pour incarner Humphrey Bogart dans le court-métrage Electric Cinema: How to Behave de Marcel Grant, tantôt blond platine pour camper Julian Assange dans Le Cinquième Pouvoir , il change de style pour mieux déstabiliser le spectateur, tout en restant d’une sobriété déconcertante dans son interprétation.

Un jeu inimitable

À l’affiche en 2013 de l’oscarisé Twelve Years a Slave de Steve McQueen , il figure l’année suivante dans la liste des cent personnalités les plus influentes du Time. Son succès atteint son apogée en 2015, lorsqu’il reçoit sa première nomination aux Oscars, dans la catégorie ‘Meilleur acteur’ pour sa performance du mathématicien et génie torturé Alan Turing, dans le biopic historique Imitation Game . Malgré cette consécration, le nouveau chouchou d’Hollywood continue de tracer sa route avec instinct et passion. De retour sur les planches londoniennes en 2015 dans le rôle du prince du Danemark Hamlet, il a choisi le cinéaste Scott Cooper pour revenir sur le devant de la scène cinématographique. Dans Strictly Criminal , en salles le 25 novembre prochain, le britannique y campera de nouveau un personnage ayant existé : celui de William M. Bulger, dit Billy Bulger , président du Sénat du Massachussetts pendant près de vingt ans mais surtout frère du fugitif James « Whitey » Bulger, une légende du crime organisé.