Strictly Criminal fait un carton à Venise

Marchant dans les pas de l’un des plus grands criminels qu’aient connu les États-Unis, Johnny Depp a bluffé presse et festivaliers avec son incarnation de Whitey Bulger , dans Strictly Criminal. Sous les traits du parrain irlandais, le comédien est à la fois impressionnant et méconnaissable, ce qui n’a pas échappé à la critique, qui encense unanimement le film depuis sa projection en avant-première mondiale à la 72e Mostra de Venise . Présenté Hors Compétition, le dernier bijou de Scott Cooper (Crazy Heart, Les Brasiers de la Colère) était très attendu et a tenu ses promesses au point d’être labélisé 92% fresh sur Rotten Tomatoes . Un excellent score pour ce polar, à mi-chemin entre biopic et film de gangsters, qui redonne ses lettres de noblesse au genre grâce à un casting cinq étoiles et à une mise en scène aussi brillante qu’incisive. Revue de presse des meilleures réactions en provenance de la Cité des Doges.

Un scénario redoutablement efficace

Explorant le leitmotiv des relations troubles entre voyous et forces de l’ordre, Strictly Criminal reste fidèle aux codes du film mafieux, tout en se détachant de sa veine classique. Retraçant l’ascension criminelle de Whitey Bulger dans le Boston des années 1970 , il dresse un portrait sans complaisance de celui qui deviendra, des années plus tard, l’ennemi public le plus recherché des États-Unis juste derrière Oussama Ben Laden. Un personnage dont l’évocation fait froid dans le dos et qui offre un rôle de composition idéal pour Johnny Depp, dont c’est le grand retour : « Depp met son talent au profit de l’intrigue avec une propension à être à la fois terrifiant et charmant », souligne The Warp .

Des acteurs au sommet

S’articulant autour du face-à-face de Bulger avec l’agent du FBI John Connolly ( Joel Edgerton ), ce « dame sous tension, à l’élégance sobre », comme le décrit Variety , rebat les cartes de la fiction mafieuse tout en dévoilant la genèse – méconnue – de la traque dont le boss de Boston a fait l’objet après avoir collaboré avec l’agence. « En un froncement de sourcils menaçants de Depp, un monstre emblématique vient à la vie », note IndieWire , également conquis par la performance de l’acteur, qui confirme sa capacité à se fondre dans n’importe quel rôle avec une aisance désarmante. Projeté à Telluride parallèlement à sa sélection à la Mostra, Strictly Criminal met tout le monde d’accord.

« Dans la lignée d’American Bluff, le film de Cooper s’impose comme un biopic criminel post-Scorsese servi par de savoureuses performances et un fort sentiment d’appartenance » (BBC)

Inspiré du roman de Dick Lehr et Gerard O'Neill , Black Mass : The True Story of an Unholy Alliance Between the FBI and the Irish Mob , il n’épargne ni la pègre ni les représentants de la loi. Autour du duo antagoniste que forment Whitey Bulger et l’agent Connolly gravitent des personnages d’une belle intensité. Aux côtés de Benedict Cumberbatch qui campe le frère prodige de Bulger, l’envoûtante Dakota Johnson rappelle qu’il ne faut pas la cantonner à Cinquante Nuances de Grey, tandis que Kevin Bacon (Charles McGuire) prouve, s’il en était encore besoin, qu’il est dans son élément au registre du polar. Autant de talents que la presse internationale salue, bien que l’essentiel de ses louanges aillent à Johnny Depp, qui porte véritablement le film.

Une semaine avant de se dévoiler au public du TIFF , Strictly Criminal a conquis la Mostra au même titre que Telluride et devrait poursuivre sa tournée des festivals avec panache. En France, il faudra attendre le 25 novembre pour qu’il ne prenne possession des salles obscures. Encore un peu de patience !