Soupçons : La leçon de cinéma d’Hitchcock

Maitrisant le suspense aussi bien que l’art de la suspicion, Alfred Hitchcock est indétrônable quand il s’agit de faire naître le doute dans l’esprit d’un spectateur au cœur battant. En 1941, au début de son ascension hollywoodienne, il signe Soupçons , chef-d’œuvre de film noir teinté de la romance malsaine dont il aimait agrémenter ses intrigues. Un film « d'une virtuosité évidente » ( Télérama ), à retrouver en DVD ici.

Sentiments troubles

Librement adapté du polar de Francis Iles (de son vrai nom Anthony Berkeley), Soupçons raconte l’histoire d’un couple déchiré par la défiance. En comprenant que son mari lui a menti sur des questions financières, Lina McLaidlaw (Joan Fontaine) commence à voir l’homme qui partage sa vie comme un étranger. Pire encore, comme un meurtrier potentiel… Johnnie Aysgarth (Cary Grant) l’avait abordée dans le train, puis séduite, avant de lui passer la bague au doigt. Mais le flambeur a-t-il charmé cette femme de la haute société pour toucher son héritage ?

En confiant le rôle d’anti-héros au gendre idéal Cary Grant, Hitchcock signe un joli coup. Il dirige son futur comédien fétiche pour la première fois avant de refaire appel à lui pour porter Les Enchaînés (1946), La Main au collet (1955) et La Mort aux trousses (1959). Joan Fontaine décroche quant à elle l’Oscar® pour sa performance de femme rongée par sa propre psychose, un an après avoir campé la Rebecca du film éponyme. C'est la seule statuette jamais remise à un comédien ayant travaillé sur un film signé Hitchcock.

Twist final

Fidèle à sa patte , Hitchcock inclut le spectateur dans le drame qui se joue, et le pousse à se positionner. Qui est dans le vrai entre le mari menteur et la femme paranoïaque ? Cette question centrale trouve une issue inattendue. À mesure que s’amplifie la paranoïa du personnage féminin principal, le réalisateur semble prendre une direction qu’il balaie avec une fin qui diffère du livre . L’image que retient le public est celle du verre de lait apporté sa bien-aimée , dont tout laisse à penser qu’il est empoisonné.

« Pour rendre la scène plus angoissante, Hitchcock a eu l'idée — géniale — d'y dissimuler une ampoule » (Télérama)

Comme à son habitude, « Hitch » fait un caméo . Ici, dans le costume d’un homme postant une lettre. Côté coulisses, le perfectionnisme du cinéaste est visible dans chaque plan. Tourné en noir et blanc , Soupçons fait passer les thèmes de la violence, de la féminité et de la réalité à travers le jeu du duo Grant / Fontaine. Saluant « la singularité » de ce film, DVD Classik explique : « Soupçons est un film mental, sur les fantasmes et les frustrations (…) une œuvre personnelle ».

Disponible en DVD en cliquant ici.