Le Convoi des braves : Ward Bond, l’autre acteur fétiche de Ford

Si John Ford est connu pour avoir été le cinéaste de prédilection de John Wayne – qui a tourné 18 fois sous sa direction – ce n’est pas la seule collaboration de légende qu’il a entretenue avec un comédien. Certes moins célèbre, mais non moins talentueux, Ward Bond est son autre acteur fétiche. Visage éternel du western, ce dernier a joué 19 fois devant la caméra de Ford, devançant d’un film le record de Wayne ; à qui il a, du reste, souvent donné la réplique. Tandis que la postérité retient le duo que formaient 'les deux John', il convient plutôt de parler de trio, au regard de la présence de Ward Bond au générique de toutes leurs œuvres communes. À l’occasion de l’édition DVD du Convoi des braves (1950) au sein de la Collection Patrimoine , retour sur l’autre grand complice de Ford.

Bond. Ward Bond.

À mille lieues de l’élégance so british de James Bond, Ward Bond apparaît sans fioriture quand il dégaine à l’écran. Chapeau de cowboy sur la tête, colt à la ceinture et regard perçant, il incarne le tireur de l’Ouest comme personne. N’ayant jamais cherché à être pleinement dans la lumière, il a mené une carrière exemplaire en s’illustrant avec brio au second plan. Sans faire office de faire-valoir, ni être occulté par les John Wayne et autres James Stewart, il est parvenu à donner une véritable légitimité aux personnages qu’il a incarné devant l’objectif des plus grands metteurs en scène de son temps. Outre John Ford, Ward Bond a joué sous l’égide d’Howard Hawks ( Le Faucon maltais ), Frank Capra ( La Vie est belle ) ou même de Fleming et Cukor pour le multi-oscarisé Autant en emporte le vent .

Originaire de Benkelman (Nebraska) , Ward Bond a eu raison de croire en sa bonne étoile, malgré un physique qui ne correspondait pas à l’archétype hollywoodien et une absence de formation théâtrale qu’il compensera grâce à son instinct et son aisance. Après une enfance ordinaire, c’est sur les bancs de la fac qu’il rencontre celui qui lui ouvrira les portes du Septième Art, John Ford . Plus précisément sur le terrain de football américain où les étudiants jouent dans la même équipe. Entre les deux hommes, l’alchimie ne fait aucun doute, ce qui explique que John Ford fasse appel à cet ami aspirant comédien pour figurer à la distribution de Salute (1929), romance sportive portée par George O'Brien, à laquelle Ford n’est pourtant pas officiellement crédité.

19 films, 19 pépites

Salute initie le début d’une prolifique collaboration, sans que cette complicité artistique n’empêche Ward Bond d’étoffer sa filmographie dans d’autres registres que le western , auprès de réalisateurs qui lui permettent d’exprimer toutes les facettes de son jeu. Au total, à l’issue d’une carrière avortée par un décès prématuré à l’âge de 57 ans, Ward Bond se sera produit dans plus de 270 films et séries . Preuve de l’éclectisme auquel il aspirait, New York-Miami, L'Impossible Monsieur Bébé et Les Sacrifiés rappellent que l’acteur pouvait interpréter un large éventail de rôles.

Pour autant, les inconditionnels de Bond retiennent surtout ses incarnations du lonesome cowboy , dans l’Ouest de l’Amérique post-Guerre de Sécession. Parmi la vingtaine de westerns qui ont inscrit son nom à la postérité, Le Convoi des braves reste un film-clé, comme il sort dix ans avant que Bond ne succombe à une crise cardiaque, qu’après ce film le comédien ne tournera plus que 5 fois avec Ford et, surtout, que c’est ce long métrage qui lance la seule série dont Ward Bond ait été le protagoniste : La Grande Caravane . Une série épitaphe qui annonçait peut-être un tournant dans la carrière de cet abonné des seconds rôles, qui goûtait à peine au devant de la scène quand la mort l’a contraint à tirer sa révérence, en 1957.

Le Convoi des braves , à retrouver en DVD dans la Collection Patrimoine en cliquant ici.