Le Nouveau Stagiaire : Nancy Meyers, l’experte de la rom-com

Les réalisatrices qui comptent à Hollywood tiennent littéralement sur les doigts d’une (seule) main : Kathryn Bigelow et son cinéma coup de poing, Sofia Coppola, cinéaste de l’adolescence oscarisée, et bien sûr Jane Campion, féministe et engagée, mais surtout unique lauréate d’une Palme d’or. Et puis il y a Nancy Meyers , une Danièle Thompson américaine, qui a fait de la comédie romantique son cheval de bataille. À l’occasion de la sortie de son sixième long-métrage, Le Nouveau Stagiaire (en salles le 7 octobre), retour sur la carrière prolifique et éclectique de cette cinéaste, pour qui les histoires d’amour n’ont plus aucun secret.

Coup de cœur pour Le Lauréat

Tout commence à l’âge de 12 ans, lorsque Nancy Meyers lit Act One, l’autobiographie du dramaturge et scénariste Moss Hart (Une étoile est née, Le mur invisible). Dès la lecture de la première page, c’est le déclic pour la jeune fille, née le 8 décembre 1949 en Pennsylvanie, qui fait alors du théâtre sa priorité et participe à une poignée de pièces locales. Le second élément déclencheur, qui la poussera à percer dans le milieu artistique porte le nom du Lauréat . Le film de Mike Nichols, sorti sur les écrans en 1967, bouleverse tellement l’adolescente, tout juste majeure, qu’elle n’imagine pas une seule seconde sa vie professionnelle sans le cinéma.

À la conquête d’Hollywood

Pour concrétiser ses projets, elle s’inscrit à l’American University de Washington, d’où elle ressort diplômée en journalisme en 1972. Son diplôme en poche, elle part travailler pour la télévision publique de Philadelphie, mais quittera son poste au bout d’un an, trop impatiente d’aller tenter sa chance à Hollywood. Fraîchement installée à Los Angeles, Nancy Meyers débute comme assistante de production sur l’émission CBS The Price is Right. Elle y restera deux ans, de nouveau lassée de ne pas pouvoir montrer davantage son talent pour l’écriture. Il lui faudra donc patienter jusqu’à la fin des années 1970 pour que la Motown l’engage comme scénariste . Elle y écrit La Bidasse et fait la rencontre qui va marquer sa vie professionnelle comme sa vie privée : celle de Charles Shyer , producteur exécutif et co-scénariste du film.

Des débuts très prometteurs

Sorti en 1980, la Bidasse, réalisé par Howard Zieff , raconte les tribulations de Judy Benjamin ( Goldie Hawn ), une jeune veuve qui s’engage dans l’armée après le décès de son mari. La comédie remporte un succès inattendu et se classe parmi les films les plus rentables de l’année 1980 (70 millions de dollars de recettes pour un budget de 10 millions de dollars). Goldie Hawn reçoit même deux nominations pour son rôle, une pour l’Oscar de la Meilleure actrice, l’autre pour le Golden Globe de la Meilleure actrice dans une comédie. L’année suivant la sortie de La Bidasse, CBS adapte le film à la télévision dans une sitcom de trois saisons. La carrière de Nancy Meyers est alors lancée, et la liberté dont elle a toujours rêvé est désormais à portée de ses mains.

L’émancipation

Depuis sa rencontre – et son mariage – en 1980 avec le touche-à-tout américain Charles Shayer, Nancy Meyers a collaboré à de nombreux scénarios de comédies hollywoodiennes populaires que ce dernier a réalisé (Divorce à Hollywood, Baby Boom, Les Complices, Le Père de la mariée 2). Le couple signe d’autres comédies à quatre mains telles que Protocol (1984), Jumpin’ Jack Flash (1986), Le Père de la marié (1992), un remake de Vincente Minnelli, ou encore Banco pour un crime (1992). En 1999, après avoir porté la casquette de co-scénariste pendant quinze ans , Nancy Meyers s’émancipe, tant sur le plan professionnel que sur le plan personnel , quittant à la fois son époux et sa place, à l’ombre des projecteurs depuis bien trop longtemps.

De co-scénariste à réalisatrice

Qui dit nouveau départ dit premier passage derrière la caméra. Pour son premier film baptisé À nous quatre (1999), elle adapte le classique de jeunesse Deux pour une, de l'écrivain allemand Erich Kästner. La comédie familiale – scénarisée à six mains avec David Swift et Charles Shyer – révèle à l’écran la jeune actrice Lindsay Lohan , alors âgée de 13 ans. Nancy Meyers y fait également tourner sa fille, Hallie Meyers-Shyer. Deux ans plus tard, elle réalise la comédie sentimentale Ce que veulent les femmes , donnant à l’occasion son premier rôle comique à Mel Gibson . Bien qu’elle ne signe pas le scénario, le film explose littéralement le box-office (370,8 millions de dollars de recettes dans le monde pour un budget de 65 millions de dollars).

Nancy Meyers, experte en relations amoureuses

Certifiée nouvelle spécialiste de la rom-com , la cinéaste continue de décortiquer les histoires d’amour dans son troisième long-métrage, Tout peut arriver (2004), pour lequel elle retrouve l’actrice Diane Keaton , avec qui elle avait collaboré dans les années 1990 pour Baby Boom, Le Père de la mariée et Le Père de la mariée 2. Dans ce pêle-mêle amoureux, dont la BO est signée Hans Zimmer , Nancy Meyers choisit de nouveau un acteur peu habitué aux comédies romantiques : Jack Nicholson . Il y campe Harry Sanborn, un don juan en couple avec une midinette de 25 ans. Ce dernier va tomber amoureux fou de sa mère, Erica Barry (Diane Keaton), une féministe divorcée qui va lui donner du fil à retordre. Diane Keaton sera nommée à l’Oscar de la meilleure actrice pour ce rôle.

Une cinéaste à contre-emploi

Renouvelant sans cesse les acteurs avec qui elle tourne, elle fait appel au quatuor Jude Law , Kate Winslet , Cameron Diaz et Jack Black pour la romance estivale The Holiday (2006), dont la BO sera de nouveau signée par le compositeur allemand. Jamais à court d’idées quand il s’agit de faire et de défaire des puzzles amoureux , elle aborde le sujet du remariage et de l’amour chez les seniors dans Pas si simple (2009), avec Meryl Streep , Alec Baldwin et Steve Martin . Comme pour ses deux précédents films, elle signe seule le scénario et poursuit sa collaboration avec Hans Zimmer. Pour son cinquième long-métrage, Le Nouveau Stagiaire , en salles le 7 octobre prochain, la cinéaste chevronnée s’est amusée à donner un rôle à contre-emploi à Robert De Niro , qui y campe un sénior de 70 ans pris en stage par Anne Hathaway, responsable d’un site Internet de mode. Comme à son habitude, Nancy Meyers - qui n’a plus besoin, a contrario de son nouveau stagiaire, de faire ses preuves à Hollywood - nous promet encore une belle parenthèse de cinéma.