Le Faucon maltais : Leçon de film noir signée John Huston

Géant du cinéma américain, John Huston a façonné le classicisme hollywoodien en lui donnant ses lettres de noblesse. Parmi sa cinquantaine de longs métrages, les genres fondamentaux du septième art sont brillamment représentés. Ses polars à l’implacable tension restent toutefois sa plus belle réussite aux yeux des aficionados . Ode au film noir, Le Faucon maltais sort en 1941 en redéfinissant les codes du genre. Un film à retrouver dans un coffret Blu-ray™ dédié au cinéaste au cigare, comprenant également Key Largo, Le Trésor de la Sierra Madre et Reflets dans un œil d’or . Disponible en cliquant ici.

La révélation de Bogart

Monstre sacré d’Hollywood grâce à sa foisonnante carrière, John Huston a donné ses premiers tours de manivelle au début des années 1940, après une entame de parcours comme dialoguiste et scénariste. S’il continuera d’écrire la plupart de ses scripts par la suite, c’est à la mise en scène qu’il gagne ses galons. Cette année-là, une autre star en devenir est sur le point de conquérir les foules. Il s’appelle Humphrey Bogart , a la quarantaine bien sonnée et s’apprête à devenir le 'Bogie' de toute une génération. John Huston, alors âgé de 35 ans, lui confie le rôle principal de sa première réalisation : Sam Spade , anti-héros au charme magnétique du Faucon maltais .

« Bogart, (…) son humeur, son insolence, la pudeur ombrageuse de son masque fermé, la précision presque abstraite de ses gestes ont conservé tout leur pouvoir sur le spectateur » (Télérama)

Entre les deux hommes, une solide complicité se tisse, déclinée au fil de leurs 6 films . Tous deux seront oscarisés 10 ans plus tard, grâce à La Reine africaine (1951). Si l’Académie considère ce film comme leur chef-d’œuvre, les puristes lui préfèrent Le Faucon maltais . Par certains aspects, le protagoniste préfigure le désabusé Rick Blaine de Casablanca (1942). Ensemble, Huston et Bogart revisitent le roman éponyme que Dashiell Hammett , paru en 1929. Faisant référence au tribut annuel que les chevaliers de l'Ordre de Saint-Jean de Jérusalem devaient verser au roi d'Espagne, le titre annonce la couleur : celle de l'argent.

Du livre au grand écran

« Pendant des centaines d’années, cet oiseau de malheur a dissimulé une immense fortune sous ses ailes grotesques (…) avec toujours la même conclusion : le meurtre », met en garde le trailer

D’une valeur inestimable, la statuette vieille de 600 ans à l’effigie d’un faucon que recherche Spade est le butin qui motive l’action. Une pièce de musée disparue, qui sème la mort autour d’elle. Ce détective privé aux méthodes peu orthodoxes et au cynisme assumé n’est pas seul à vouloir mettre la main dessus. Pour cela, il fait alliance avec des crapules du milieu et une femme – fatale, forcément – Brigid O'Shaughnessy alias Mary Astor . La méfiance est de mise, surtout concernant le truand Joel Cairo, campé par un magistral Peter Lorre , qui donnera la réplique à Bogart à 4 autres reprises.

Portée une première fois à l’écran par Roy Del Ruth en 1931, dans la foulée de la parution du livre, puis en 1936 par William Dieterle avec Satan Met a Lady , l’histoire du Faucon maltais n’a jamais été aussi fascinante que sous la houlette de John Huston. Signant son baptême de la mise en scène avec ce film, ce dernier prouve qu’il a déjà tout d’un grand en dotant chaque plan d’une saisissante intensité. Son scénario illustre les thèmes de la loyauté , du jugement moral et de la cupidité en filigrane et Huston livre une leçon de cinéma en bonne et due forme. Pour l’anecdote, le faucon ayant servi au tournage a, quant à lui, été estimé à plus de 4 millions de dollars aux enchères !

Débordant d’enthousiasme à l’égard du film, Positif ira jusqu’à proclamer : « Qu'est-ce que la mise en scène ? C'est Le Faucon maltais de John Huston »

Pour (re)découvrir ce film en Blu-ray™ , rendez-vous avec le coffret John Huston en cliquant ici.

Il comprend :

• Le Faucon maltais
• Key Largo
• Le Trésor de la Sierra Madre
• Reflets dans un œil d’or