Focus sur La Malédiction des hommes-chats

Avec son titre empreint de mystère et son affiche à faire froid dans le dos, La Malédiction des hommes-chats ne fait pas dans la demi-mesure. Réalisé par le tandem Robert Wise / Gunther Von Fritsch , il sort sur les écrans en 1944 . Modèle de film fantastique, il réunit tous les ingrédients d’un genre qui fascine les cinéastes depuis les débuts du Septième Art et dont l’Âge d’Or allait s’achever l’année suivante, avec la fin de la Seconde Guerre mondiale. Personnages envoûtants, jeux de clair-obscur, BO aux sonorités inquiétantes : autant de déclinaison de la peur, que DeWitt Bodeen concentre à travers une intrigue qui n’a pas pris une ride. Retraçant un passage de l’enfance de la jeune Amy, fillette solitaire et rêveuse, La Malédiction des hommes-chats rappelle qu’il peut être dangereux de confondre rêve et réalité. À l’occasion de son édition DVD dans la collection Patrimoine , focus sur un classique destiné aux petits, comme aux grands.

Sur les traces de La Féline

Suite non-officielle de La Féline ( Cat People , en VO) de Jacques Tourneur, La Malédiction des hommes-chats prolonge l’atmosphère angoissante du premier opus à travers un second volet non moins effrayant. Tous deux produits par la RKO , ces longs métrages composent un diptyque dont les mordus d’intrigues à suspense raffolent. Sorti en 1942, La Féline a rencontré un franc succès auprès de spectateurs friands de sueurs froides et ne craignant pas de devoir se cramponner à leurs popcorns. Mêlant épouvante et horreur, le film initial met en scène la transformation d’Irena Dubrovna ( Simone Simon ), redoutable femme-panthère qui va se laisser progressivement gagner par la part animale qui sommeille en elle. Une sauvagerie qui pousse la jeune femme dans ses derniers retranchements.

Dans la veine de l’histoire précédente, La Malédiction des hommes-chats met les personnages féminins à l’honneur. Révélée par La Bête humaine (1938) de Renoir et consacrée par La Féline , Simone Simon prouve que le registre fantastique sied à son jeu, en reprenant le rôle d’Irena. Face à elle, on découvre la jeune Ann Carter dans le rôle de l’innocente Amy. Absente du précédent volet, l’enfant star – âgée d’à peine 8 ans au moment du tournage – fait de flamboyants débuts sous la direction de Wise et Von Fritsch.

Âmes sensibles s’abstenir

Du haut de son jeune âge, Ann Carter impressionne. À l’exception d’une apparition dans L'étoile du Nord l’année précédente et de trois panouilles non créditées, la fillette fait son baptême du cinéma avec ce film exigeant. Un défi qu’elle relève avec brio et qui lui vaut de continuer sa brève carrière sous les meilleurs auspices, aux côtés d'Humphrey Bogart, Katharine Hepburn, ou encore Barbara Stanwyck. Pour l’anecdote, elle signera une de ses dernières apparitions dans le film de Joseph Losey , Le Garçon aux cheveux verts (1948). Pour sa part, Simone Simon est rompue à l’exercice, au même titre que Kent Smith , son partenaire à l’écran, qui se glisse à nouveau dans le costume d’Oliver Reed.

Réalisé à quatre mains et fidèle à la tradition des films d’épouvante des années 1940, La Malédiction des hommes-chats fait s’entrecroiser imaginaire et réalité. Esseulée et désireuse de tromper son ennui, la petite Amy passe de longues heures à rêver de la première femme de son père, Irena , morte dans d’étranges circonstances et qui hante la fillette comme un fantôme dont on ne sait pas s’il est bon ou mauvais. Se prenant d’affection pour cette amie un peu spéciale, l’enfant a de plus en plus de mal à faire la part des choses entre ce qui est vrai et ce qu’elle imagine. La situation familiale se tend alors, entre son père qui ne comprend pas ce qui arrive à sa fille et sa belle-mère, qui développe quant à elle un vif sentiment de colère à son encontre. Mais le fantôme d’Irena est-il vraiment irréel ?

Pour rappel, La Malédiction des hommes-chats est disponible ne DVD au sein de la collection Patrimoine en cliquant ici.