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Ingrid Bergman, du mythe à la postérité

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Ingrid Bergman, du mythe à la postérité

Choisie pour être le prochain visage du Festival de Cannes, Ingrid Bergman illumine l’affiche de la 68e édition de son sourire radieux. Un sourire qu’on lui connaissait davantage à la ville qu’à l’écran, sa filmographie étant essentiellement dédiée au registre dramatique et au néoréalisme, où le ton n’est pas à la légèreté mais où son jeu trouvait une résonnance sans pareille. « Icône moderne, femme libre, actrice audacieuse » – comme le précise le communiqué de presse officiel du Festival – Ingrid Bergman est aussi multifacettes qu’intemporelle et reviendra dans la lumière à l’occasion de l’hommage qui lui sera rendu en l’honneur du centenaire de sa naissance. Portrait.

Comme prédestinée aux films dramatiques qui la rendront célèbre à l’âge adulte, Ingrid Bergman a été marquée par la tragédie dès la prime enfance. Ayant perdu sa mère alors qu’elle n’avait que 3 ans, elle perd son père et devient orpheline à la veille de son adolescence. Confiée à une tante qui décède, elle aussi, peu de temps après, elle est finalement élevée par son oncle. Ces premiers tourments, qui tranchent avec l’insouciance de son jeune âge, forgent son tempérament indépendant. Trouvant refuge dans le théâtre, elle intègre l’école d’Arts Dramatiques de Stockholm, la majorité à peine atteinte, dans l’espoir de devenir actrice ; portée par une apparition non-créditée dans le film suédois Landskamp (1932) qui a éveillé sa vocation un an plus tôt.

Un rêve qui se concrétise avec Munkbrogreven (1934), où Ingrid Bergman tient le rôle principal et qui marque la première de ses cinq collaborations avec Gustaf Molander. Subjugué par son jeu et décelant son incroyable potentiel, le réalisateur fait d’elle sa comédienne fétiche et lui offre, sans le savoir, le rôle qui lui ouvrira les portes d’Hollywood : celui d’Anita Hoffman dans la version suédoise d’Intermezzo (1936). Adapté aux États-Unis en 1939, ce film porte l’empreinte de la star en devenir, qui s’impose en tête d’affiche du remake US signé Gregory Rattof, grâce à un précieux coup de pouce de David O. Selznick. Conquis par la beauté nordique qu’elle imprègne sur la pellicule et qui détonne dans le paysage standardisé de l’époque, c’est lui qui la repère et l’initie au cinéma hollywoodien.

Propulsé dans les hautes sphères du Septième Art par le triomphe d’Autant en Emporte le Vent (1939) – dont il est producteur et qui reçoit 8 Oscars – Selznick fait partie des nababs d’Hollywood et, en prenant la jeune femme sous son aile, il aura un rôle déterminant dans l’essor de sa carrière internationale. Loin de l’archétype de la blonde peroxydée, Ingrid Bergman joue la carte du naturel et arbore un maquillage nude qui fait d’elle une pionnière de cette tendance. Forte de cette authenticité qui sera sa signature, l’actrice devient la mythique Ilsa Lund de Casablanca (1942), le film de la révélation.

Casablanca, Maroc, pendant la Seconde Guerre mondiale. Réfugiés dans l’ilot de semi-tranquillité qu’offre le café de Rick Blaine (Humphrey Bogart), de nombreux expatriés profitent de cette étape d’apparente neutralité pour apprécier la musique jazzy de Sam – alias Dooley Wilson – autour d’un verre. Un jour, Rick reconnait parmi eux la femme qu’il a aimée à Paris, avant que le conflit ne prenne de l’ampleur et les sépare : Ilsa (Ingrid Bergman). Entre réminiscences du passé et nécessité de regarder vers l’avenir, tous deux seront confrontés à un choix crucial, qui dépasse les sentiments qu’ils éprouvent l’un pour l’autre. Un dilemme qu’Humphrey Bogart conclue par la célèbre réplique : « Je crois que c’est le début d’une merveilleuse amitié ».

En 1942, tandis que la guerre fait rage et que le destin du monde est incertain, Michael Curtiz cristallise les enjeux de cette période trouble, en signant l’un des plus grands chefs-d’œuvre de l’histoire du cinéma. À travers l’histoire d’amour impossible de Rick et Ilsa, cet intense mélodrame rappelle le poids du sacrifice, porté par ceux qui ont œuvré au rétablissement de la paix. Pamphlet à la gloire de la Résistance, Casablanca a été interdit de projection en France jusqu’au sortir de la guerre, alors que les États-Unis lui décernaient parallèlement 3 Oscars. Classé troisième au top 100 des meilleurs films selon l’AFI, il a transcendé des générations de cinéphiles, dont il fait encore battre le cœur aujourd’hui.

Si Casablanca en dessine les contours, le mythe d’Ingrid Bergman se précise avec ses films suivants, et principalement durant sa période hitchcockienne (3 films, entre 1945 et 1949) et rossellinienne (6 films, entre 1949 et 1954). Aux débuts des années 1950, la romance qu’elle entretient avec Roberto Rossellini, alors qu’elle est déjà mariée, la coupe d’une partie de son public. Devenue persona non grata de l’Amérique puritaine qui l’avait érigée au rang de star une dizaine d’années auparavant, Ingrid Bergman renoue avec la veine cinématographique européenne de ses débuts tout en s’essayant à un nouveau registre : le néoréalisme italien, sous la houlette de Rossellini, qui fait d’elle sa muse.

Sacrée une première fois aux Oscars en 1945 pour Hantise, l’actrice décroche une seconde statuette en 1957 grâce à son incarnation du rôle-titre d’Anastasia, scellant ainsi la réconciliation d’Hollywood avec son icône éternelle. Après un troisième trophée pour Le Crime de l'Orient-Express (1975), elle « boucle la boucle » en consacrant sa dernière apparition sur grand écran à Ingmar Bergman, compatriote suédois au nom presque jumeau du sien, qui lui offre son rôle le plus abouti : Charlotte Andergast, pianiste toute en nuances de Sonate d'automne (1978). Un retour aux sources qui permet à Ingrid Bergman de tirer sa révérence avec grâce et simplicité, les deux qualités qui l’ont toujours définie et qu’on retrouve sur l’affiche officielle du Festival de Cannes.

Pour rappel, le 68e Festival de Cannes se déroulera du 13 au 24 mai et rendra hommage au centenaire de la naissance d’Ingrid Bergman.

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