Écrivains à Hollywood : Derrière Le Masque de Dimitrios

Sorti sur les écrans américains en 1944, Le Masque de Dimitrios concentre l’essence du film noir, un genre alors en plein essor. Tandis que l’Âge d’Or hollywoodien a inscri de nombreux films à la postérité, ce thriller d’espionnage signé Jean Negulesco est aujourd’hui peu connu de la jeune génération. Une lacune que tend à combler la collection Écrivains à Hollywood des Trésors Warner, en permettant au public actuel de (re)découvrir cette pépite oubliée en DVD. Porté par un Peter Lorre au regard chargé de tension et Zachary Scott – que ses pairs surnommaient le 'mystery man' – Le Masque de Dimitrios se dote d’un casting exigeant, complété par l’incomparable Sydney Greenstreet, véritable « gueule de cinéma » qu’on a souvent vu donner la réplique à Humphrey Bogart (5 collaborations) ou Michael Curtiz (3 collaborations). De grands noms pour une intrigue au suspense haletant…

Istanbul, milieu des années 1940. Tandis que la Seconde Guerre mondiale touche à sa fin, le corps d’un dangereux criminel est retrouvé sur les côtes de l’ancienne cité byzantine. Intrigué par la mort de cet obscur Dimitrios, l’écrivain Cornelius Leyden (Lorre) décide de se rendre sur place pour mener l’enquête et retracer le cours des évènements, pour comprendre comment le gangster a pu y finir ses jours. À Sofia, il prend contact avec M. Peters (Greenstreet), un homme à l’allure débonnaire qui lui inspire tout de suite confiance.

Néanmoins, à mesure qu’il réunit des éléments autour de cette mort inexpliquée, Leyden se rend compte que la situation est encore plus complexe qu’il ne l’imaginait. Son investigation prend un tour d’autant plus inquiétant lorsque son acolyte commence à agir de manière étrange, ce qui éveille ses soupçons… Mais l’homme de lettres parviendra-t-il à démasquer le véritable meurtrier de Dimitrios ? Rien n’est moins sûr pour Leyden qui, désormais livré à lui-même, ne peut compter sur l’aide de personne pour l’aider à déceler le vrai du faux.

Né de la plume de Frank Gruber, le scénario du Masque de Dimitrios prend sa source dans l’œuvre éponyme d’Eric Ambler, parue cinq ans auparavant. Très impliqué dans le projet d’adaptation de son roman phare, ce dernier a contribué à le retranscrire à l’écran en enfilant la casquette de coscénariste et en veillant à ce que le long métrage de Negulesco reste fidèle à l’histoire originale. Fort de la complicité de Gruber – spécialiste des polars post-Grande Dépression – Eric Ambler a fait ses débuts hollywoodiens avec ce film, dix ans avant d’être nommé aux Oscars pour La Mer cruelle.

Devant la caméra, le trio Peter Lorre / Zachary Scott / Sydney Greenstreet donne un cachet supplémentaire à ce film, en lui permettant de tenir ses promesses et d’entraîner le spectateur au cœur d’une histoire à la noirceur intense. Après s’être illustré dans M le maudit (1931), Le Faucon maltais (1941) et Casablanca (1942), Lorre fait une nouvelle fois état de son talent en se glissant dans le rôle de cet écrivain pris au piège d’une situation qui le dépasse.

Zachary Scott n’a pas non plus à faire ses preuves comme, en cette année 1944, il s’est déjà fait un nom en devenant le 'mystery man' d’Hollywood. Enfin, en dépit de son image d’acteur secondaire, Sydney Greenstreet possède lui aussi une belle filmographie, de même que l’adhésion d’un public unanime. À la réalisation, le metteur en scène de Comment épouser un millionnaire (1953) impressionne, bien qu’il s’agisse seulement du second long métrage de Jean Negulesco et qu’il fasse encore figure de novice à Hollywood.

Autant de raisons de voir ou revoir Le Masque de Dimitrios ! Pour cela, rendez-vous sur la boutique officielle des Trésors Warner, en cliquant ici.