Écrivains à Hollywood : Beverly Tyler, de l’ombre à la lumière

Partenaire de Mickey Rooney, Peter Lawford, Boris Karloff et nombre d’autres grands noms de l’Âge d’Or hollywoodien, Beverly Tyler est longtemps restée cantonnée à des rôles de faire-valoir. Éternelle fiancée des ténors du cinéma classique , elle a pourtant tenté par tous les moyens de dépasser le carcan de la 'supporting actress' pour devenir une comédienne de premier plan. Si la postérité l’a oubliée et que la légende hollywoodienne est parfois sans pitié, un film permet de redécouvrir Beverly Tyler dans un rôle à sa mesure : Le Roi de la Piste (1950) , où elle a plus de lignes de dialogue que… Marilyn Monroe ! Si son avance sur la future star sera de courte durée, elle est assez exceptionnelle pour être soulignée. Portrait.

La naissance d’une vocation

Lorsque Beverly Tyler tourne Le Roi de la Piste (The Fireball, en VO), elle est apparue dans une dizaine de films, mais peine encore à se faire connaître et saisit ce long métrage de Tay Garnett comme une occasion rêvée de faire, enfin, ses preuves. Originaire de la petite ville de Scranton (Pennsylvanie), la jeune Beverly est attirée très tôt par le milieu artistique et en particulier par la musique, qu’elle pratique assidûment et pour laquelle elle semble avoir de belles prédispositions. Très vite, le cinéma s’impose à elle comme une vocation qu’il lui faut concrétiser en devenant actrice.

Avec une mère secrétaire et un père travaillant pour une société de dactylographie, elle n’est pourtant pas une enfant de la balle. Forte du soutien de ses parents, Beverly prend confiance en elle. Adolescente, elle fait ses premier pas derrière un micro en se produisant comme chanteuse dans des émissions radiophoniques musicales , qui l’exhortent à conjurer sa timidité. Bien que son objectif reste le Septième Art , cette entame de parcours sera formatrice pour elle, comme elle lui apprend la prestance et la grâce qui caractérisera, plus tard, son jeu d’actrice.

La grâce et la discrétion

Installée à Los Angeles avec sa mère, Beverly Tyler a vite fait de comprendre que son physique avantageux est son principal atout pour débuter dans le métier. Ce que la jeune femme ignore encore c’est que ce physique se retournera justement contre elle, en l’enfermant dans l’archétype de la jolie ingénue sans profondeur . Pour l’heure, ne connaissant ni les codes des majors, ni les ficelles du métier, l’aspirante comédienne égrène les castings. D’abord engagée comme figurante à l’âge de 16 ans, elle enchaîne les panouilles, puis décroche un premier rôle dans The Youngest Profession (1943).

Consciente qu’il lui faut acquérir de l’expérience, Beverly accepte tous les projets qui se présentent à elle et même de jouer dans Le Bal des sirènes (1944) sans être créditée au générique. Devant faire face à cette déconvenue, l’actrice en herbe va aussi devoir affronter les trois années de vide artistique qui suivent sa participation au Carrefour du siècle (1947), biopic signé Norman Taurog. Un coup dur pour cette jeune femme naturellement peu sûre d’elle, qui se rend compte que la route du succès est semée d’embûches. C’est finalement Le Roi de la Piste qui la remet en selle. Beverly Tyler y livre une interprétation toute en nuances. Mais la magie s’est brisée et la comédienne finira par mettre fin à son éphémère carrière une dizaine d’années plus tard, sans avoir obtenu ni récompense, ni le rôle de la consécration auquel elle aspirait tant.

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