DC Comics : Qui est l’insondable V d’Alan Moore ?

Fête des morts au Mexique, fête de la citrouille et de la gourmandise en Occident et fête du déguisement partout ailleurs, Halloween est l’occasion de célébrer la nuit du 31 octobre comme il se doit. Pour autant, si on a tendance à se concentrer sur les célébrations qui entourent cette date, il est important de rappeler sa genèse. C’est ce qu’Alan Moore fait à travers le cultissime V pour Vendetta , roman graphique décliné en une série d’albums qui revisite la légende de Guy Fawkes façon DC Comics. Une œuvre fondamentale pour les mordus de BD, comme pour les cinéphiles, puisqu’elle a fait l’objet d’une adaptation cinématographique portant le sceau des Wachowski . Focus.

Acclamé, décrié et célébré

Avancer masqué pour défendre ses idéaux, l’idée ne date pas d’hier. Pourtant, encore aujourd’hui, lors de soulèvements populaires il est devenu coutumier d’apercevoir des masques de V parmi la foule. Un phénomène qui traduit l’importance de cette figure iconique auprès de la génération actuelle, au point que les hackeurs 2.0 d’Anonymous en ont fait leur signe distinctif. Paradoxalement, cet outil d’anonymat est le signe de reconnaissance d’un mouvement contestataire. Cette tendance a commencé avec le premier album de V pour Vendetta que Moore publie en 1982 , toutefois, c’est quatre siècles auparavant que l’histoire de V débute véritablement.

« Souvenez-vous, souvenez-vous du cinq novembre / Poudre à canon, trahison et conspiration / Je ne vois aucune raison pour que la trahison des poudres / Soit jamais oubliée » (comptine de Guy Fawkes)

Ce n’est pas le 31 octobre mais le 5 novembre qu’on rend hommage au personnage historique qui a inspiré V, Guy Fawkes . Un anarchiste, aussi admiré que décrié, rendu célèbre par la Conspiration des poudres , attaque manquée contre le Parlement de Londres qui a agité l’Angleterre de 1605 . Une explosion dont a réchappé in extremis le roi Jacques Ier, aujourd’hui reproduite par l’immense feu de joie de la Guy Fawkes Night annuelle. Également au programme en Grande-Bretagne, des marionnettes à l’effigie de Fawkes, confectionnées par les écoliers et destinées à être jetées dans les flammes. Il est de tradition que ceux-ci parcourent les rues munis de leur création, pour solliciter la générosité des avec la formule : « A penny for the guy » (un penny pour le type).

Moore / Lloyd / Weare

Jusqu’en 1990, l’auteur et ses dessinateurs – David Lloyd et Tony Weare – couchent sur le papier les aventures dystopiques d’un anti-héros, dont on ne sait s’il est bon ou mauvais. Édité par Quality Comics au Royaume-Uni, Vertigo aux États-Unis et Zenda en France, V pour Vendetta est vite devenu universel . Sans doute grâce à son protagoniste 'poker face' peu loquace, à la manière du Charlot de Chaplin. Les actions controversées de V interrogent la morale du lecteur. Un leitmotiv qu’on retrouve dans l’ensemble de l’œuvre d’Alan Moore, notamment via le fameux Rorschach de Watchmen (1986).

Porte-voix de ceux qui ne se reconnaissent pas dans la société, V est un dissident dont la marginalité séduit dans les vignettes de BD, mais dont l’ancrage dans le réel dérange. Le pamphlet de Moore s’articule autour de la violence , la dissimulation , l’insurrection et la vengeance , les thèmes centraux du roman graphique originel. Traduit en long métrage par James McTeigue – avec les initiatrices du projet Lana et Lilly Wachowski au scénario et à la production – V pour Vendetta a conquis un large public ainsi que l’académie des Saturn Awards, qui a décerné le prix de la meilleure interprétation féminine à Natalie Portman . Aux yeux des puristes, il demeure surtout l’œuvre maîtresse d’Alan Moore.

Alors, tenté d’enfiler le costume de V pour Halloween ? Si vous manquez d’inspiration, l’univers DC Comics se décline également dans Suicide Squad , prochainement en Steelbook version longue et déjà pré-commandable en cliquant ici.