DC Comics : L’âge d’argent, ère faste de la BD

Morcelée en trois phases , l’histoire du comics a acquis ses galons entre la seconde moitié des années 1950 et le début des années 1970. Véritable âge d’or de la BD US, cette période est appelée âge d’argent et précède l’âge de bronze, qui sera le dernier pan avant les reboots de l’âge moderne. Consécutif à l’inauguration du registre super-héroïque, l’âge d’argent est cher aux puristes.

L’expression libertaire de la jeunesse

Un temps boudés, les super-héros redeviennent tendance en 1956 après les deux années en creux de « l’âge atomique ». Tandis que les États-Unis basculent dans la société de consommation, une frange de la jeunesse ne se reconnait plus dans des valeurs patriarcales que cristallise La Fureur de Vivre . Profitant de cette brèche, les artistes DC alimentent massivement de nouvelles séries d’albums. Superman, Batman et Wonder Woman ont certes ouvert la voie aux super-héros dès 1938, mais il s’agit maintenant de consolider leur mythologie et de fidéliser le lectorat autour de d’aventures riches en découvertes.

Ce sont des talents tels que Julius Schwartz et Jack Kirby (alias le Roi de la bande dessinée) côté scénario, ou Gil Kane et Steve Ditko au dessin, qui font de cette période un formidable vivier créatif. Dans la veine des pionniers, une nouvelle génération d’artistes à l’imagination foisonnante impose son style, en se réappropriant un univers initié 20 ans auparavant. À l’image de la transition du muet au parlant subie par les acteurs de cinéma, certains personnages ne survivront pas à l’âge d’argent. D’autres trouvent au contraire un second souffle . C’est le cas de Green Lantern , ou d’Hawkman qui adopte une silhouette plus musculeuse sous le trait de Joe Kubert .

Comics, nouvelle définition

Après que le comics se soit cherché une identité, avec des tentatives plus ou moins concluantes dans des registres connexes, il se spécialise dans les super-héros . Le western illustré dédié à John Wayne ne fait pas date, comics horrifiques et autres polars ont été mis à mal par la contestation puritaine visant à les censurer : les justiciers ont donc une voie royale pour revenir sur le devant de la scène. Des essais plus ou moins concluants sont tentés peu avant que l’âge d’argent ne trouve son rythme de croisière. Captain Comet préfigurait le rebond des années 1950. Destiné à élargir le spectre d’histoires trustées par les piliers DC, il porte bien son nom au vu de sa fugace carrière fictionnelle et finira sa course d’étoile filante au second rang de la L.E.G.I.O.N.

Gardner Fox, John Broome et Robert Kanigher se sont portés garants de la pérennité de l’esprit DC. Faire du neuf avec du vieux sans perdre l’essence des prémices représentait tout le challenge de l’âge d’argent. Quand le public découvre Atom en 1940, il s’appelle Al Pratt et exerce le métier de physicien. Lorsqu’on le retrouve dans une nouvelle mouture en 1961, nous avons désormais affaire au professeur d'université Ray Palmer. Au total, le justicier connaitra 5 reboots , preuve de la capacité de DC à étendre l’arc narratif de ses héros aussi loin que porte l’imagination de ses auteurs. L’archétype du scientifique utilisant son savoir pour faire le bien prend le pas sur les extraterrestres et magiciens des premiers temps. Également créé dès 1940, Flash accède à la célébrité à travers sa seconde version : celle de Barry Allen , petit génie des labos qui supplante le Flash de l’âge d’or.

L’âge d’argent devient celui de la science-fiction et de l’essor de la BD. Désormais solidement ancré dans le paysage pop-culturel américain, le comics tourne à ce moment définitivement la page des pulps. DC Comics s’érige en référence et avance ses pions grâce à des héros qui perdurent de génération en génération. Lancé en 1970 , le Comic-Con de San Diego marque le passage à l’ère suivante, celle des cosplays et de la réalité qui dépasse la fiction : l’âge de bronze.

Wonder Woman , la prochaine claque cinématographique DC, sortira le 7 juin !