Maureen O'Hara, l’envoûtante Esmeralda de Quasimodo

Disparue en octobre dernier à l’âge de 95 ans, Maureen O'Hara était l’une des plus flamboyantes rousses du Septième Art. Actrice classique à la filmographie dense et éclectique, elle laisse derrière elle l’image d’une femme incandescente, qui aura su tenir tête à John Ford au fil de leurs 5 collaborations. Un cinéaste peu commode sur un plateau de tournage, mais sans pareil aux manettes de sa caméra, qui la magnifie dans L'Homme tranquille (1952). Si ce film lui permet de renouer avec ses racines irlandaises, cette Dublinoise pure souche se glisse pourtant avec une saisissante ressemblance dans le rôle de la gitane Esmeralda pour le Quasimodo (1939) de Dieterle . Cristallisant toute la fougue et l’impétuosité de ce personnage emblématique de l’œuvre de Victor Hugo, elle prouve que les rôles d’insoumises lui vont à ravir. Focus sur sa participation à ce long métrage qui se redécouvre en DVD dans la Collection Patrimoine .

La naissance d’une star

Sensibilisée dès le plus jeune âge à l’art, Maureen O'Hara grandit en recevant une éducation rigoureuse, qui la familiarise avec la discipline qu’elle observera toute sa carrière durant. Seconde d’une fratrie de six frères et sœurs, elle doit jouer des coudes pour se faire une place dans cette famille nombreuse , où règne la joie de vivre et où elle est affectueusement surnommée 'bébé éléphant' en raison de quelques kilos en trop dont elle se débarrassera à l’âge adulte. Prenant exemple sur sa mère , chanteuse lyrique et comédienne, la petite Maureen prend des cours de diction pour travailler son phrasé, et de danse afin d’acquérir le port de tête altier qui ajoutera une grâce supplémentaire à ses futures apparitions à l’écran.

Rêvant d’abord de devenir cantatrice , la fillette comprend que sa vocation est ailleurs en participant, dès ses 10 ans, à des représentations théâtrales au sein d’une troupe amateur. Une passion qui ne la quittera plus et qu’elle développe au cours des années suivantes, en forgeant progressivement son style et en apportant davantage de naturel à son jeu. Élancée et douée d’un talent certain, l’adolescente ne passe pas inaperçue sur scène et enchaîne les pièces en glanant plusieurs récompenses qui présagent de son succès à venir.

Un tempérament de feu

C’est Harry Richman qui initie sa carrière cinématographique, en la prenant sous son aile et en l’encourageant à passer des essais pour la société de production nouvellement créée Mayflower Pictures. Considérant cette audition comme un désastre, du fait de son manque d’expérience et du maquillage surchargé qu’elle arbore, la jeune fille de 17 ans est surprise de se voir proposer un contrat grâce à Charles Laughton , qui confiera plus tard avoir été bluffé par son tempérament. Refusant de se plier à une requête du jury qui l’auditionne, l’aspirante comédienne avait d’emblée décroché l’adhésion de Laughton et de son associé Erich Pommer . Ce dernier sera pour elle une sorte de mentor, qui la convainc de prendre un nom d’artiste. C’est alors que Maureen Fitzsimons devient Maureen O’Hara .

Prédestinée à incarner une gitane au cinéma, Maureen O'Hara a peut-être puisé son inspiration auprès la diseuse de bonne aventure avec qui elle s’était entretenue avant de devenir célèbre et qui avait, selon la légende, prédit son glorieux destin. Après trois films seulement, elle est choisie pour donner corps à l’héroïne de papier qu’Hugo a imaginée un peu plus d’un siècle auparavant, dans Quasimodo (1939) . Donnant la réplique à Charles Laughton qui endosse le rôle-titre, elle retrouve l’acteur pour la seconde fois après La Taverne de la Jamaïque , tourné la même année. Dans le costume de l’envoûtante bohémienne, l’actrice livre une performance qui la propulse au rang de star et donne le coup d’envoi de son exemplaire carrière.

Quasimodo , à (re)découvrir en DVD au sein de la Collection Patrimoine en cliquant ici.