Les joies matrimoniales de Mr. and Mrs. Smith

Au registre des films qu’on adore redécouvrir, Mr. and Mrs. Smith s’impose comme une comédie douce-amère, dont le suspense haletant porte la marque du maître du genre, Alfred Hitchcock . Intitulé Joies matrimoniales en VF, il est surtout connu sous son titre VO et ne doit pas être confondu avec le blockbuster de Brad Pitt et Angelina Jolie de 2005 ; calqué, pour sa part, sur un film aux antipodes de celui d’Hitchcock, True Lies (1994). En 1941, c’est le couple Robert Montgomery / Carole Lombard qui incarne ces Smith pas si ordinaires, en faisant du long métrage éponyme un classique. À découvrir en DVD, au sein de la collection Patrimoine - Romances et Comédies romantiques .

Quatre ans de réflexion

Seule véritable comédie qu’Hitch ait tournée sur le sol Américain, Mr. and Mrs. Smith offre un condensé d’humour cynique, dont ses premiers fidèles avaient déjà pu se délecter durant sa période britannique. Troisième long métrage réalisé à Hollywood, ce film assied son statut de cinéaste de référence , en présageant des succès à venir. Soupçons et La Cinquième Colonne sortiront dans la foulée. Comme Jean Douchet le rappelait récemment au Festival Il Cinema Ritrovato de Bologne, Hitchcock a attendu de susciter la convoitise de l’oncle Sam pour franchir l’Atlantique et y poursuivre sa carrière. Une stratégie payante, au vu de la citation à l’Oscar® que décroche son premier film américain, Rebecca , un an plus tôt.

A sa sortie en 1941, Mr. and Mrs. Smith enchantait les spectateurs avec son intrigue efficace. À New York, David et Ann Smith forment un ménage heureux depuis quatre ans. Quatre ans d’un ciel sans nuage, mais qui va être assombri par un improbable imbroglio administratif. Déclaré illégal et non avenu, le mariage que les Smith pensaient acté doit être à nouveau validé… De quoi donner l’occasion à Mrs. Smith de mettre son prétendu époux à l’épreuve, en l’obligeant à la courtiser comme aux prémices de leur relation.

Trouble in Paradise

Ayant traité le thème du couple sous bien des angles, Alfred Hitchcock livre, une fois n’est pas coutume, une version pleine de drôlerie. Preuve que ce registre sied bien à sa reconversion hollywoodienne, Mr. and Mrs. Smith tutoie les sommets du box-office, en enregistrant 750.000 dollars de recettes . Partageant l’affiche pour la première fois, Robert Montgomery et Carole Lombard constituent le duo détonant de ce film auquel Gene Raymond apporte une touche de légèreté supplémentaire. Louant la qualité du scénario de Norman Krasna , Variety souligne :

« Hitchcock nous fait rire à gorge déployée, sans user d’intermèdes burlesques, ni tomber dans l’exagération des personnages »

Comme de rigueur, Hitchcock imprègne sa ronde silhouette sur la pellicule, l’espace d’un caméo que seuls les plus attentifs décèleront. Il s’agit d’un plan furtif, qui survient à la moitié du film, lorsque le réalisateur croise son comédien principal dans la rue. Autre anecdote et pas des moindres, la présence de Carole Lombard en tête de casting n’est pas fortuite, puisque c’est à la demande de l’actrice elle-même que le projet de Mr. and Mrs. Smith a vu le jour. Un film de commande qui figure parmi les nombreuses pépites du maestro à la moue boudeuse et qu’on ne se lasse pas de revoir, 75 ans après sa sortie au cinéma !

Pour (re)découvrir Mr. and Mrs. Smith , rendez-vous avec la collection Patrimoine – Romances et Comédies romantiques , en cliquant ici.