Le Premier Rebelle, ode à l’insurrection signée William A. Seiter

Deux siècles et demi après sa découverte de l’Amérique, Christophe Colomb est 'ringardisé' par un autre héros américain, moins célèbre mais tout aussi déterminant : James Smith . Un personnage qui, devant la caméra de William A. Seiter , retrace l’histoire du continent encore sauvage qu’est l’Amérique de 1759, date à laquelle se déroule l’intrigue du Premier Rebelle . Tourné en 1939 par le réalisateur à qui on doit Trois souris aveugles et Ô toi ma charmante ! , ce film d’aventure fait la part belle à un John Wayne en pleine apogée depuis que John Ford l’a dirigé dans La Chevauchée Fantastique , sorti quelques mois auparavant. Chapeau à la Davy Crockett sur la tête, tunique de trappeur sur le dos et expression de défiance dans les yeux : The Duke incarne le rôle-titre comme personne. Faisant partie des classiques Warner édités en DVD dans la Collection Patrimoine , Le Premier Rebelle est à (re)découvrir sans plus attendre.

James Smith, héros de tous les Américains

Si James Smith est l’un des noms les plus répandus aux États-Unis, il n’a pas la même signification que John Doe, un nom généralement attribué aux personnes dont on ignore l’identité. Peu connu de ce côté de l’Atlantique, le James Smith de 1759 n’est toutefois pas un anonyme, comme le montre Seiter dans le film qu’il dédie à ce héros oublié. Faisant un bond dans le passé, le metteur en scène explore la genèse de la Révolution , en révélant comment une poignée d’hommes a impulsé le plus grand bouleversement du Nouveau Monde, guidés par le courageux James Smith. Coutumier des rôles de meneurs d’hommes, John Wayne est l’archétype de l’insoumis. Ajoutant juste ce qu’il faut d’humanisme à son personnage, il donne une ampleur d’autant plus prégnante au film.

Scénarisé par P. J. Wolfson ( L'Entreprenant M. Petrov ), d’après le roman éponyme de Neil H. Swanson , Le Premier Rebelle retrace, comme son titre l’indique, le soulèvement d’un pionnier face aux autorités qui contrôlaient alors le pays. Avec l’appui du groupe d’hommes dont il est le chef, les Black Boys , James Smith mènera cette insurrection de sa Pennsylvanie natale aux frontières du Kentucky. Une rébellion longue de 9 mois, comme une gestation de la Révolution américaine à venir. S’en suivra la Guerre d'Indépendance et, à terme, à la naissance des États-Unis tels que nous les connaissons aujourd’hui. Une lutte qui n’a pas été facile à conduire, mais que le courage sans faille des Black Boys a nourrie avec ferveur.

Quand Hollywood regarde en arrière

« Seize ans avant la Révolution, dans une vallée de Pennsylvanie, un groupe de colons anglais firent parler les armes au nom de la liberté. Ceci est l'histoire de James Smith et de ses Black Boys, un chapitre oublié de l'Histoire des Monts Allegheny »

Le carton d’ouverture du Premier Rebelle situe le film dans son contexte, en rappelant les enjeux propres à cette période charnière des États-Unis. Au-delà de la dimension instructive du film et de sa résonnance auprès des spectateurs de 1939, ce film est une façon pour William A. Seiter d’honorer l’un des pères fondateurs de son pays, dont le visage n’est pas gravé sur le Mont Rushmore. Pour cela, il peut compter sur l’implication d’une talentueuse équipe artistique.

Face à John Wayne, on retrouve Claire Trevor – qui signe la première de ses quatre collaborations avec The Duke – ainsi que George Sanders et Brian Donlevy . Côté coulisses, P. J. Wolfson enfile la casquette de producteur en plus de celle de scénariste et donne à ce film les moyens de ses ambitions, faisant du long métrage « le premier vrai film de série A de John Wayne » ( DVD Classik ). Réunissant cowboys, Indiens, chevaux, jeune femme en détresse et une bonne dose de patriotisme , Le Premier Rebelle se regarde, aujourd’hui, avec du recul quant à la manière dont les Indiens sont représentés, mais en portant un œil cinéphile sur le rebelle que John Wayne fait revivre avec panache !

Le Premier Rebelle, un film d’aventure à (re)découvrir en DVD dans la Collection Patrimoine en cliquant ici.