Le Massacre de Fort Apache, western au casting cinq étoiles

Premier volet de la trilogie que John Ford consacre à la cavalerie de l’Après-Guerre de Sécession, Le Massacre de Fort Apache (1948) permet au cador du western de livrer une vision toute personnelle des fondements de la nation américaine. Avec la complicité de John Wayne dans le rôle principal et d’Henry Fonda pour lui donner la réplique, Fort met en images un scénario empreint de tolérance et de patriotisme, où les valeurs du mythe américain s’entremêlent avec la dénonciation du racisme dont les Natifs ont souvent fait l’objet ; et d’autant plus au registre du western. Une œuvre emblématique de ce genre ô combien américain, qui possède une saisissante modernité de thème et de ton. Le Massacre de Fort Apache , à retrouver en DVD au sein de la Collection Patrimoine .

L’Après-Guerre de Sécession

Durant la seconde moitié du XIXe siècle, la population américaine tente, comme elle le peut, de se relever de quatre ans d’une guerre civile particulièrement violente et meurtrière. Tandis que les rancœurs d’hier font progressivement place aux alliances de demain, l’heure est à l’union et, surtout, à la défense des territoires. Un contexte propice au scénario intense et tragique que signe Frank S. Nugent , d’après le roman de James Warner Bellah , intitulé Massacre , servant de socle au script. Pour sa première collaboration avec John Ford, le scénariste lui offre une histoire sur mesure, qui revisite la bataille de Little Big Horn , épisode peu glorieux de la carrière militaire du Général Custer .

Opposant la cavalerie américaine à une tribu Sioux prête à défendre sa terre corps et âme, cette bataille a réellement eu lieu, mais pas dans les conditions mises en scène par John Ford. Film d’aventure de 2.5M$ de budget, Le Massacre de Fort Apache a conquis les spectateurs de l’époque en récoltant près du double de recettes lors de son exploitation en salles. Un succès qui s’est accompagné d’une reconnaissance critique et de plusieurs trophées, dont deux Prix décernés par le Jury du Festival de Locarno : Meilleur réalisateur et Meilleure photo noir et blanc. De quoi initier la trilogie de Ford de la plus belle des manières, puisque La Charge héroïque (1949) et Rio Grande (1950) ne démériteront pas au succès du premier opus, en récoltant respectivement un Oscar et une citation aux WGA Awards.

John Wayne, Henry Fonda, Shirley Temple

Indissociable de son acteur fétiche – avec qui il collabore alors pour la huitième fois, sur un total de 18 films – John Ford ne fait pas uniquement reposer Le Massacre de Fort Apache sur les épaules de John Wayne . Héros mis à mal par les péripéties qui se succèdent, Wayne est bluffant sous les traits du Capitaine Kirby York . Le commandant dans l’histoire, Henry Fonda apporte un cachet d’autant plus authentique au film, en se glissant sous la tunique bleue du Lieutenant-Colonel Owen Thursday . Un rôle qui permet à l’acteur d’exprimer la palette d’émotions dont il est doué, tout en tournant l’un de ses derniers films avec celui qui lui avait offert sa première nomination aux Oscars, avec Les Raisins de la Colère (1940) et qui le dirigera à huit reprises.

S’entourant d’un casting cinq étoiles , John Ford complète la distribution en réunissant de nombreuses pointures du cinéma US. Apportant une touche féminine des plus appréciables, Shirley Temple prête ses traits à la débrouillarde Philadelphia, fille du Lieutenant-Colonel et véritable bulle de fraîcheur de ce film dramatique empli de suspense. Adolescente au moment du tournage, l’ex-enfant star dont les boucles blondes ont fait craquer les foules, Shirley Temple signe l’une de ses ultimes apparitions sur grand écran, préférant à l’âge adulte, délaisser les plateaux de tournage pour embrasser une carrière de diplomate à l’étranger. Évidemment de la partie, Ward Bond – l’acteur avec qui Ford a tourné le plus de fois, distanciant Wayne d’un film – revêt l’uniforme du Sergent-Major O'Rourke, tandis Victor McLaglen et John Agar viennent grossir les troupes.

Comparant Pat Garrett au Général Custer, John Ford rappelle que les prétendus héros de l’Histoire avec un grand 'H' ne font pas forcément les heures glorieuses de l’Amérique, mais qu’ils peuvent donner de la profondeur aux histoires, fictives, qui leur sont dédiées.

Le Massacre de Fort Apache , à (de)découvrir en DVD dans la Collection Patrimoine en cliquant ici.