Le divorce a du bon avec Fred Astaire et Ginger Rogers

Lorsqu’il tourne La Joyeuse Divorcée (1934), Mark Sandrich ignore encore qu’il est sur le point de consacrer l’un des tandems mythiques de l’Âge d’Or hollywoodien. Couple vedette de la comédie musicale américaine, Fred Astaire et Ginger Rogers ont livré leurs premiers numéros de danse filmés l’année précédente, avec Carioca , où tous deux campaient des rôles secondaires mais crevaient déjà l’écran. Bien qu’il s’agisse de leur second long métrage commun, les puristes considèrent La Joyeuse Divorcée comme le véritable premier film d’Astaire et Rogers, puisqu’il marque à la fois leur accession à l’avant de la scène et qu’il est signé d’un réalisateur qui les a choisi et les comprend ; à la différence de Thornton Freeland à qui Astaire avait été imposé. Bâtisseur de leur légende cinématographique, Sandrich est l’auteur de la moitié des dix films dans lesquels ils se sont donnés la réplique. Coup de projecteur sur leur premier projet à trois, avec l’édition DVD de La Joyeuse Divorcée au sein de la collection Patrimoine .

Pour meilleur et pour le pire

Mariée à un géologue qui la délaisse et dont les absences sont monnaie courante, Mimi Glossop (Rogers) dépérit et s’ennuie. Ne s’épanouissant pas dans ce mariage avec un époux qui, de surcroit, est d’une cupidité maladive, la jolie blonde se résout au divorce. Consciente de l’épreuve que cette décision risque de lui faire vivre, elle assure ses arrières, en imaginant un stratagème typique de la screwball comedy . Au lieu de faire une demande de divorce en bonne et due forme, Mimi préfère jouer la carte de la tromperie, en simulant un adultère . Elle se lance donc dans une relation épistolaire factice, destinée à faire croire qu’elle a un amant.

Comme de rigueur au registre de la comédie musicale, rien ne va évidemment se passer comme prévu. Croyant avoir mis au point le plan parfait, la candidate au divorce déchante lorsqu’un quiproquo s’immisce dans l’équation… L’homme qu’elle a choisi comme amant par correspondance – l’irrésistible 'Pinky', alias Edward Everett Horton – est chargé d’arranger une rencontre fortuite avec un avocat, afin qu’elle soit prise sur le fait et que l’adultère puisse être constaté. Cette rencontre, qui a lieu à Brighton , est un fiasco car, n’ayant jamais vu l’avocat en chair et en os, elle le confond avec Guy Holden (Fred Astaire) . Ce dernier lui fait la cour, donnant lieu à un imbroglio sentimental des plus jouissifs. Mais la jeune femme n’est pas au bout de ses surprises.

Classique intemporel

Concentrant les ressors narratifs et stylistiques de la panacée des comédies musicales, La Joyeuse Divorcée s’est d’emblée imposé comme un modèle du genre. On y chante et on y danse sur une BO composée par l’inégalable Max Steiner , avec la touche Sandrich en plus. La magie du duo Astaire Rogers prend tout son sens lorsque tous deux s’élancent sur la piste, avec une maîtrise artistique et une nonchalance affichée qui apporte une légèreté supplémentaire au film. Bientôt suivi par Le Danseur du dessus, En suivant la flotte, L'Entreprenant Monsieur Petrov et Amanda, La Joyeuse Divorcée est représentative de l’esprit de la comédie musicale, consistant à tourner les petits et gros tracas du quotidien en situations aussi drôles que rocambolesques.

Toujours frais et entraînant aujourd’hui – plus de 80 ans après sa sortie au cinéma – La Joyeuse Divorcée reste une pépite aux yeux des inconditionnels, bercés par ses mélodies jazz à la manière de Woody Allen, dont l’admiration pour Fred Astaire est bien connue. Cerise sur le gâteau, la chanson Night and Day de Cole Porter titillera la corde sensible des cinéphiles, comme des mélomanes ! Pour l’anecdote, cette chanson est issue de la comédie musicale originelle que Dwight Taylor avait montée à Broadway, d’après la pièce éponyme de J. Hartley Manners , qui n’a quant à elle jamais été produite et a failli tomber définitivement aux oubliettes.

Pour retrouver les 10 films qui ont façonné la légende de Fred Astaire et Ginger Rogers, rendez-vous avec les Comédies musicales de la collection Patrimoine , en cliquant ici.