L’Impossible Monsieur Bébé : Bienvenue dans la jungle hawksienne

Loin de ce que laisse supposer son nom, le fameux Monsieur Bébé qui donne son titre à la comédie d’Howard Hawks est, en réalité… un léopard de compagnie ! À la veille des années 1940, le dernier chic est, en effet, de se promener avec un animal sauvage, tenu – ou non – en laisse. Mais apprivoiser un si gros 'bébé' n’est pas chose facile, comme s’en apercevra l’irrésistible couple que forment Cary Grant et Katharine Hepburn. L’Impossible Monsieur Bébé (1938), à retrouver en DVD dans la collection Patrimoine – Romances et Comédies romantiques .

La screwball comedy dans toute sa splendeur

Première des cinq collaborations du tandem Grant / Hawks, L'Impossible Monsieur Bébé ( Bringing Up Baby , en VO) sort sur les écrans au début de l’année 1938 , en marquant les retrouvailles d’un autre légendaire duo : Grant / Hepburn ; après Vacances (1938) et Sylvia Scarlett (1935) – également disponible dans la collection Romances et Comédies romantiques – et avant le magistral Indiscrétions (1940) de George Cukor. Ensemble, ils portent ce bijou d’humour burlesque, en incarnant respectivement un paléontologue un brin coincé (David) et une femme aisée et fantasque (Susan). Aux antipodes l’un de l’autre, ils vont enchaîner les maladresses… pour mieux se rapprocher, par la force des choses, mais aussi grâce au coup de patte fortuit de Bébé !

« Hawks mène cette course amoureuse tambour battant. Les répliques fusent, les scènes s'enchaînent sans un temps mort » (Télérama)

Labélisé 95 % fresh par Rotten Tomatoes, L’Impossible Monsieur Bébé est devenu un succès critique. Télérama souligne : « Selon son habitude, Hawks se plaît à inverser les rôles . Dès le début, c'est Katharine Hepburn, époustouflante, qui mène le jeu ». Si la comédienne de Madame porte la culotte excelle dans les rôles de femmes de poigne, elle prend un plaisir non-dissimulé à se glisser dans celui d’une furie à la coquetterie et à l’impétuosité exacerbées. Face à cette joyeuse tornade , Cary Grant campe, lui aussi, un rôle qu’il connaît par cœur et qui sied parfaitement à son jeu, le gendre idéal délicieusement ringard.

« Tout le monde est dingue dans ce film »

Décrit en ces termes par Howard Hawks , L’Impossible Monsieur Bébé n’est pas seulement un modèle de screwball comedy. Frénétiquement mis en scène par un cinéaste qui choisit de ne se poser aucune limites – y compris budgétaires, quitte à être licencié par la RKO à l’issue du tournage – ce long métrage a fait travailler les zygomatiques du public de l’époque, autant qu’il fait battre le cœur des cinéphiles aujourd’hui. Néanmoins, la reconnaissance unanime tarde à venir. Le réalisateur ne sera cité aux Oscars® que 3 ans plus tard, dans le registre autrement plus sérieux du film de guerre, avec Sergent York .

Adapté d’une nouvelle d’Hagar Wilde – coscénariste avec Dudley Nichols – L’Impossible Monsieur Bébé est « une petite merveille de comédie absurde et même un tantinet féministe » pour Critikat.com , qui note que « les fameux censeurs du code Hays ne virent pas la plupart des sous-entendus sexuels du scénario, que l’ensemble du casting interprète avec une jubilation certaine ». Reposant sur le leitmotiv de la quête de la clavicule de brontosaure (dans une botte de foin), l’intrigue réserve de savoureux dialogues, dont plusieurs auraient été réécris par Hawks lui-même, sur le plateau. Enfin, les amoureux des grands fauves l’auront peut-être décelé à sa robe mais, pour l’anecdote, Bébé est un jaguar et non un léopard.

Si la scène de la robe de chambre que Cary Grant enfile inopinément vaut le détour à elle seule, le grain de folie qui berce l’ensemble du film, le rend immanquable et toujours aussi réjouissant près de 80 ans après sa sortie !

Pour (re)découvrir L’Impossible Monsieur Bébé , rendez-vous avec la collection Patrimoine – Romances et Comédies romantiques, en cliquant ici.