Ginger Rogers, plus qu’un faire-valoir

Souvent cantonnée au statut de partenaire de Fred Astaire , Ginger Rogers est bien plus que la danseuse qui partage ses numéros dans les 10 films qu’ils ont tournés ensemble et qui leur ont valu, à l’un comme à l’autre, de connaître la gloire hollywoodienne. Lorsqu’ils débutent ensemble, dans Carioca (1933), Astaire et Rogers sont aux prémices de leur légende mais, déjà, Fred Astaire attire davantage la lumière des projecteurs. Danseur né, il est plus expérimenté qu’elle et est auréolé du succès de Broadway. La jolie Ginger se démarque, quant à elle, par sa beauté et sa grâce mais doit travailler des heures durant pour être au niveau. Se surpassant, elle parvient à danser d’égal à égal avec lui et, plus tard, décroche un Oscar® pour le rôle-titre de Kitty Foyle (1940). Pourtant, elle n’a pas imprégné la mémoire collective avec autant de force. Portrait d’une artiste complète, dont les 10 pépites sont à retrouver en DVD dans la collection Patrimoine .

De Virginia McMath à Ginger Rogers

Née à Independence ( Missouri ), Ginger Rogers n’a pas embrassé la voie à laquelle aurait pu la prédestiner sa ville d’origine, puisqu’elle est restée indissociable de Fred Astaire aux yeux du public. Néanmoins, c’est bien à un sentiment d’indépendance auquel elle aspire en grandissant, après une enfance mouvementée, rythmée par le divorce de ses parents alors qu’elle est en bas-âge et les questions de garde qui s’en suivent. Élevée par ses grands-parents jusqu’au remariage de sa mère, quand elle a 9 ans , la fillette adopte le patronyme de son beau-père (Rogers) et tiendrait son prénom de scène de ses cousins qui, n’arrivant pas à prononcer 'Virginia' se seraient contentés de l’appeler 'Ginga'. De Ginga à Ginger il n’y a qu’un pas, que la jeune femme franchit au moment de se lancer dans la vie d’artiste.

Pour l’heure, elle passe son adolescence au Texas , sans imaginer devenir une star. Après avoir un temps envisagé de devenir institutrice, Ginger Rogers, influencée par sa mère, se découvre une vocation théâtrale. Grâce au réseau professionnel que celle-ci cultive en tant que critique théâtrale , la jeune fille voit les portes des coulisses s’ouvrir à elle, ce qui lui permet de se familiariser avec cet univers artistique et, surtout, d’être la candidate idéale au remplacement d’une actrice ayant fait faux bond à sa troupe avant une représentation. Prenant sa place, la jeune Ginger fait ses premiers pas sur scène au registre du vaudeville. Embarquée dans une tournée vers la côte Est, elle décide de s’installer à New York, apprend le charleston, et chante pour gagner sa vie. Les jalons de la comédie musicale sont posés.

Oscar® de la Meilleure actrice

En 1930, à 19 ans , elle rencontre Fred Astaire et enregistre, par la même occasion, son premier succès. Écrite par les frères Gershwin , la comédie musicale qui les réunit sur les planches de Broadway s’appelle Crazy Girl . Très vite, les sirènes du Septième Art se font entendre et Ginger Rogers fait sa valise pour Hollywood , où elle espère décrocher une chance de devenir célèbre. Il lui faudra toutefois atteindre trois ans et la pleine majorité pour que 42e Rue (1933) de Lloyd Bacon lui permette de conquérir le grand écran. Dans la foulée, Carioca initie la même année son mythique duo cinématographique avec Fred Astaire . Jusqu’en 1939 et La Grande Farandole d’Henry C. Potter, l’essentiel de sa carrière est dédié à ses collaborations avec Astaire : La Joyeuse divorcée, Roberta, Le Danseur du dessus, En suivant la flotte, Sur les ailes de la danse, L'Entreprenant Monsieur Petrov, Amanda .

Au seuil des années 1940, le duo met son partenariat artistique entre parenthèses, ce qui signe la fin d’une époque pour les deux acteurs, qui mènent désormais le parcours en solo . Alors qu’Astaire danse avec Paulette Goddard, Rita Hayworth, Judy Garland, Cyd 'The Legs' Charisse et Audrey Hepburn, Ginger Rogers change de registre pour porter l’adaptation du best-seller de Christopher Morley, Kitty Foyle . Les Oscars® lui donnent raison, mêmes si ses fidèles se montrent plus réservés. Consacrée par l’Académie, la comédienne se préserve du star system en achetant un ranch en Oregon et poursuit sa carrière sans contrainte, puisque la statuette de la Meilleure actrice trône déjà sur sa cheminée. Tournant jusqu’à la fin de sa vie, elle s’est illustrée dans une centaine de films et séries télé , mais aussi à la radio et au théâtre . En 1949, dix ans après La Grande farandole , Ginger Rogers fait son ultime tour de piste avec Fred Astaire grâce à Entrons dans la danse , vibrante comédie musicale marquant leurs adieux définitifs, qui inscrit – conjointement – leurs noms à la postérité.

Pour retrouver les 10 films qui ont façonné la légende de ce tandem, rendez-vous avec les Comédies musicales de la collection Patrimoine en cliquant ici.