Garson Kanin, l’écriture et la mise en scène

En France, l’auteur d’un film l’est souvent au sens propre, comme au figuré. De l’autre côté de l’Atlantique, cette notion – affirmée dans l’Hexagone par la nouvelle vague des années 1960 – n’est pas la norme, puisque qu’Hollywood tend davantage à ce qu’un film appartienne à son producteur, libre de confier la scénarisation et la réalisation à deux personnes distinctes. Une logique de studio dont Garson Kanin s’est détaché, grâce à une carrière équitablement partagée entre écriture et mise en scène. C’est avec cette double casquette qu’il signe Mon Épouse favorite (1940). À découvrir en DVD dans la collection Patrimoine - Romances et Comédies romantiques.

Homme de lettres et de cinéma

Plus confidentiel que Madame porte la culotte (1949) – dont Kanin était seulement scénariste, avec George Cukor à la mise en scène – Mon Épouse favorite fait partie des pépites qui valent d’être redécouvertes, plusieurs décennies après leur sortie au cinéma. Aussi méconnu du grand public que ce long métrage, issu de sa période de rodage dans le septième art, Garson Kanin ne bénéficiera jamais de la renommée internationale des Fleming et autres Sirk. Entre 1948 et 1953, il est pourtant triplement cité à l’Oscar® du meilleur scénario .

Des lauriers académiques, qui louent la justesse de sa plume, mais soulignent aussi un manque de reconnaissance pour le cinéaste qu’il était. Ne se cantonnant pas à sa machine à écrire, Garson Kanin a autant le goût de l’image que de l’écriture. Se passionnant pour de multiples domaines artistiques, il s’illustrera aussi comme jazzman, comique, acteur, dramaturge, écrivain et même conteur . Parmi ses essais notoires, on peut saluer celui qu’il dédie à une période faste, les Roaring Twenties : Hollywood, années folles . Bien qu’imprégnée par cette ère de bouillonnement culturel, sa vocation de réalisateur se concrétise seulement à la veille des années 1940.

Un artiste qui gagne à être connu

Né à Rochester , dans l’état de New York, Garson Kanin goûte au monde du spectacle sur les planches de Broadway , en apparaissant dans une pièce intitulée Little Ol' Boy . Nous sommes en 1933 et, la vingtaine fraîchement atteinte, il va rapidement se diversifier. Parvenant à se faire engager comme assistant de George Abbott , il apprendra beaucoup aux côtés de ce scénariste, nommé aux Oscars pour l’adaptation d’À l'ouest rien de nouveau (1930). C’est toujours à Broadway que Kanin prend les rênes de sa première mise en scène – Hitch Your Wagon (1936) – et, dès lors, il mènera ses carrières cinématographiques et théâtrales en parallèle.

En 1938 , ayant acquis suffisamment de connaissances du septième art auprès d’Abbott pour se lancer, à son tour, Garson Kanin écrit et réalise A Man to Remember , un drame sentimental qui enthousiasme la presse au point que le New York Times le fasse figurer au classement des meilleurs films de l’année. Des débuts fracassants qui s’essouffleront vite. Toutefois, bien que son œuvre n’ait pas bénéficié de la lumière qu’elle méritait, Kanin aura réussi à transmettre sa vision à travers la vingtaine de films qu’il a réalisée. Pour son cinquième passage derrière la caméra , Mon Épouse favorite (1940), il réunit Irene Dunne, Cary Grant et Randolph Scott sur fond de triangle amoureux et d’amour contrarié par le destin. Une romance toute en nuance et en délicatesse, à son image.

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