Fred Astaire, danseur-né

Âgé de six ans lorsqu’il foule les planches pour la première fois, en se produisant en duo avec sa sœur Adele, Fred Astaire est non seulement un enfant précoce, mais aussi un danseur hors-pair. Bien qu’il ignore encore quel incroyable destin l’attend, le garçon ne rechigne pas à travailler ses enchaînements, sa posture et ses pas au cours des années suivantes, en s’astreignant un rythme soutenu, qui lui vaut de partager son enfance sous le signe du vaudeville , entre leçons de danse, répétitions et représentations. À force d’efforts, de persévérance et de nombreuses heures à peaufiner son style, il se fait un nom dans le milieu, bien qu’il lui faille attendre d’avoir 34 ans pour qu’Hollywood lui tende les bras. Retour sur son flamboyant parcours cinématographique à l’occasion de l’édition, dans la collection Patrimoine , des 10 films qu’il a tourné avec Ginger Rogers.

Astaire, frère et sœur

Originaire d’Omaha (Nebraska), Fred Astaire n’était pas prédestiné à la célébrité. Loin d’être considérée comme un vivier de futurs talents, sa ville – qui n’a pas encore donné son nom à la plage du Débarquement – est plutôt synonyme d’ennui. Né dans une famille d’artistes, le petit Frederick Austerlitz n’aura toutefois pas le temps de s’ennuyer, puisque ses parents le poussent sur scène à peine installés à New York , en 1905. En ce début de siècle, les enfants acteurs sont légion et il est fréquent que la fibre artistique s’exprime en famille. Fred la partage avec Adele, sa sœur aînée , au même titre que la scène, qu’ils occupent en formant un duo à l’alchimie naturelle. Leurs numéros séduisent la presse, qui continue de les encenser quand ils se lancent dans une tournée à travers le pays. Ces représentations itinérantes consolident leur notoriété naissante et conduisent le duo fraternel à se produire sous les spotlights de Broadway, en 1917.

Bien que la pièce qu’ils interprètent, Over the Top , ne rencontre pas son public, Fred et Adele ont atteint leur objectif : danser sur la scène la plus en vue des États-Unis. Forts de cette prometteuse entame de carrière, ils enchaînent les spectacles, jusqu’à ce que The Band Wagon marque un tournant déterminant. Cette comédie musicale de 1932 est à fois la dernière d’Adele – qui délaisse ses chaussons de danse pour se marier avec son fiancé de l’époque – et celle qui permet à Fred de se lancer en solo . N’étant pas à l’origine de leur séparation artistique, Fred Astaire conjurera plus tard le sort en tournant une version cinématographique revisitée de The Band Wagon (Tous en scène !) , sous la direction de Vincente Minnelli . Pour l’heure, le danseur vient d’avoir 30 ans et cherche comment rebondir.

De Broadway aux studios de cinéma

C’est sur un autre tandem fraternel que Fred Astaire va pouvoir compter pour accompagner la carrière hollywoodienne à laquelle il aspire désormais, George et Ira Gershwin . S’étant lié d’amitié avec eux 10 ans auparavant, il interprétera nombre de standards de la comédie musicale de leur composition et reste, encore aujourd’hui, indissociable des Gershwin. L’autre personnalité du Septième Art dont il sera indissociable s’appelle Ginger Rogers et fait encore figure d’inconnue en 1933, année qui marque leur première collaboration, dans Carioca . Premier succès pour le couple fraîchement formé, alors au seuil d’une légendaire carrière, qui s’écrira à travers 9 autres films supplémentaires : La Joyeuse divorcée, Roberta, Le Danseur du dessus, En suivant la flotte, Sur les ailes de la danse, L'Entreprenant Monsieur Petrov, Amanda, La Grande Farandole et, enfin, Entrons dans la danse .

Autant de comédies musicales qui cristallisent leur talent commun. Si, au départ, Fred Astaire est inscrit au générique de Carioca uniquement parce que David O. Selznick accepte de lui donner sa chance, le comédien prouve par la suite qu’il est un artiste accompli. Un acteur capable de surpasser son physique désavantageux en effectuant un pas de danse acrobatique, dont il a le secret et qui bluffe les spectateurs, ou en entonnant un air musical avec la nonchalance charismatique qu’on lui connaît. A contrario du séduisant Gene Kelly, Astaire a dû redoubler de talent pour gagner le cœur du public, mais y est parvenu, en insufflant un savoureux brin d’espièglerie à ses rôles. Immortalisé dans une cinquantaine de longs métrages, ce talent d’acteur est, à l’image de son talent de compositeur, de chorégraphe et de danseur : captivant et intemporel .

Pour retrouver les 10 films qui ont façonné la légende de Fred Astaire et Ginger Rogers, rendez-vous avec les Comédies musicales de la collection Patrimoine , en cliquant ici