Amarcord à l’honneur de la 72e Mostra de Venise

À un peu plus d’un mois de sa 72e édition, la Mostra de Venise (2 – 12 septembre) vient de dévoiler sa Sélection Officielle. En marge de la Compétition, Strictly Criminal frappera un grand coup grâce au casting 5 étoiles dont il est doté et à l’intrigue inspirée de faits réels qu’il retrace. Projeté le 4 septembre en avant-première mondiale, ce film choc signé Scott Cooper s’emparera des salles obscures le 25 novembre , après avoir conquis les festivaliers du TIFF , qui le découvriront en séance spéciale dans la foulée de la Mostra. De quoi mettre l’eau à la bouche et, comme le cinéma n’est pas uniquement fait de nouveautés, les classiques du Septième Art occupent aussi une place de choix dans le line-up des festivals. Ainsi, et non sans une pointe de chauvinisme, la Citée des Doges déroulera le tapis rouge de sa section Venice Classics à Amarcord (1973), chef-d’œuvre intemporel de Fellini .

L’enfant terrible du cinéma italien

Chez lui à Venise, Fellini – Lions d’Argent pour Les Vitelloni et La Strada , Lion d'Or d'honneur pour l’ensemble de sa carrière – a toujours porté un regard à la fois tendre et sans complaisance sur le pays auquel il a dédié son œuvre, son pays, l’Italie. Né à Rimini, il l’a vu se radicaliser sous l’ère Mussolini et a toujours préféré l’onirisme de la pellicule à la réalité d’un monde à la dérive, devenant le cinéaste emblématique du néoréalisme italien , courant initié par le vibrant Rome, ville ouverte que Roberto Rossellini réalise au sortir de la guerre. Marchant dans ses pas, après avoir observé le maître à l’œuvre en tant que script et assistant-scénariste, Fellini s’est détaché de son modèle en passant à son tour derrière la caméra. Cultivant un style bien à lui, aussi déconcertant qu’efficace.

Souvent dérangeants, les films qu’il met en scène sont porteurs d’un message à double niveau de lecture, comme c’est le cas d’Amarcord , qui explore les travers de l’âme humaine à l’échelle d’un groupe d’enfants. Lorsqu’il signe ce film, au début des années 1970, Federico Fellini entame l’ultime chapitre de sa carrière. Oscarisé à quatre reprises et lauréat d’une Palme d’Or pour La Dolce Vita , il est unanimement reconnu sur la scène internationale, bien que les thématiques qu’il aborde continuent de diviser. À l’instar des grands artistes modernes du siècle dernier, le cinéaste italien est autant décrié par une partie de l’opinion qu’adulé par la critique.

Décrivant Amarcord comme « un chef-d’œuvre de la veine onirique et nostalgique du maestro, qui en met plein la vue et les oreilles à chaque nouvelle vision », Les Inrocks rappelle que la légende de Fellini n’est pas près de se tarir.

Amarcord ou la nostalgie rêvée

Leitmotiv archétypal de ses films, le personnage du marginal est à nouveau au cœur d’Amarcord, qui signifie en dialecte romagnol « Je me souviens ». Un film à la mélancolie douce-amère, qui traite de front la montée du fascisme , régime cauchemardesque dans lequel l’enfant qu’était Federico Fellini a baigné et dont il se souvient . Ancrée dans une dimension toute personnelle , l’intrigue fait la part belle à une enfance pas si innocente, en suivant les (més)aventures d’une bande de bambini en quête de découvertes. Ajoutant une touche de mystère supplémentaire aux plans enneigés qui jalonnent le film, Nino Rota , éternel complice de Fellini, compose la BO d’Amarcord avec tout le talent qu’on lui connaît.

Plongeant au cœur de son passé, le réalisateur dresse le portrait de l’Italie des années 1930 en montrant, sur le ton de la satire, la folle dévotion que le peuple vouait alors au Duce. Paradoxalement, c’est sous l’impulsion de Mussolini lui-même qu’est née la Mostra de Venise. Créée en 1932 à des fins de propagande , le plus vieux festival de cinéma au monde a un lourd passif, qu’il a su dépasser brillement en suivant la marche de l’Histoire ; troquant la Coupe Mussolini contre le fameux Lion d’Or que se disputent les films en Compétition à chaque nouvelle édition. Au-delà du symbole, la sélection d’Amarcord dans la section Venice Classics de sa 72e édition est une jolie façon de rappeler que la cinéphilie n’a pas de limite.

Et, pour les plus impatients, Amarcord vous attend dès à présent en DVD sur la boutique de la Fnac ou Amazon.fr !